Côte d'Ivoire : des populations détruisent une station service en construction, la victime et son avocat en désaccord

  • publiè le : 2015-05-25 07:07:33
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Côte d'Ivoire : des populations détruisent une station service en construction, la victime et son avocat en désaccord
C'est une population sur le pied de guerre du quartier Sicogi-Eden Niangon-nord de Yopougon (à l'est d'Abidjan) qui a démoli ce dimanche 24 mai 2015 , les murs d'une station service appartenant à un opérateur économique.

C'est l'expression d'un ras-le-bol face à une situation qui selon les riverains, dure depuis 2005.

Nogbou André Georges, secrétaire général du collectif des co-propriétaires du quartier a expliqué que cette année-là, un monsieur leur a brandi des documents faisant de lui le propriétaire de l'espace vert du quartier.

Ce monsieur procède aussitôt au morcellement de la parcelle en 42 lots qu'il vend à 4 millions de Fcfa par lot .

Les enquêtes menées plus tard par les riverains auprès du ministère de la Construction révèlent que les documents brandis par le "propriétaire'' en question étaient faux.

Désabusés et désemparés, tous les acquéreurs des 42 lots , sauf un, abandonnent les projets qu'ils entendaient réaliser .

L'acquéreur dissident est Amer Ahmad , qui comptait bâtir une station service à quelques mètres de l'école primaire du quartier (Epp Pont Niangon nord), entre un box technique de la Compagnie ivoirienne d'électricité (Cie) et un pilonne de moyenne tension.

Face au danger que pouvait représenter la proximité entre les installations électriques et l'exploitation de la station service , le collectif des co-propriétaires du quartier a tenté de raisonner en vain l'opérateur économique.

L'affaire est arrivée en justice où Amer Ahmad a gagné le procès en première instance.

Selon le secrétaire général du collectif, la Sicogi, société d'État chargée de la construction et de la gestion immobilière, a déclaré n'avoir jamais vendu cet espace vert à une tierce personne précisant que l'opérateur économique aurait obtenu ses prétendus papiers de propriété à coup de corruption.

Amer Ahmad : «Pensez-vous que pour un terrain de 500 m2 seulement, je vais corrompre tout le monde ? »

Approché, Amer Ahmad a dit ceci avant de nous orienter vers son avocat : «D'abord, je vous signale que le terrain m'appartient. J'ai tout les papiers. Nous sommes même allés devant la justice et j'ai gagné le procès. Mais les populations dont vous parlez , veulent utiliser ce terrain pour en faire un petit marché pour encaisser chaque matin les femmes alors qu'ils sont là, assis dans le quartier à ne rien foutre. Le collectif avait un représentant à la justice avec son avocat que j'ai battu. Que ce soit un collectif ou un individu, ils n'ont aucun papier. J'ai acquis ce terrain avec tous les papiers suite à une enquête de commodo et d'incommodo d'une durée d'un mois qui est passé dans le journal et je n'ai vu personne s'opposer . Aujourd'hui, j'ai mon terrain et j'y ai dressé une clôture qu'ils sont venus détruire. Ont-ils le droit de venir casser ma clôture. Ne sommes nous pas dans un État de droit ? (...) Qu'est-ce qu'ils appellent corrupteur ? Pensez-vous que pour un terrain de 500 m2 seulement je vais corrompre tout le monde ? Et puis, si c'est un espace vert comme ils le prétendent, ont-ils le droit d'en faire un marché ? (...). Aujourd'hui ils ont démoli ma clôture et volé mes matériaux de construction, c'est du vandalisme. Je vais tous les poursuivre devant les Tribunaux ».

Me Kamil Tark : «Sur cette affaire , nous avons exprimé notre opposition à M. Amer Amhad qui nous a retiré son dossier »

Coup de tonnerre lorsque afrikipresse.fr a approché Me Kamil Tark qui est supposé être l'avocat de Amer Ahmad !

L'avocat a remis des copies du dossier y compris la grosse obtenue après avoir gagné le procès en Première instance, puis a révélé une rupture de contrat, depuis le 2 septembre 2013, entre son client et lui pour divergence d'opinion sur ce dossier.

« Je voudrais vous préciser à la suite de la lecture de la décision que nous produisons que Monsieur Amer Ahmad a obtenu le déguerpissement de Monsieur Bouabré Lébato du lieu qu'il occupait sur le site. Mais ce n'est pas le déguerpissement du collectif des co-locataires de ces habitants de la Sicogi. Ce collectif a été déclaré simplement irrecevable, dans son action en intervention forcée. Mais il n'a pas été décidé par le Tribunal, du déguerpissement de ce collectif. (...) Après avoir obtenu la grosse nous avons dit à Monsieur Amer que c'était une décision qui était assortie qu'une exécution provisoire et vu l'importance de cette affaire, elle pouvait avoir un impact assez grave parce que ce sont apparemment des populations qui occupent le terrain. Nous avons donc conseillé à Monsieur Amer d'attendre que la Cour d'appel puisse confirmer d'abord la décision, avant d'envisager une quelconque exécution. Il n'était de cet avis là, il a voulu faire exécuter aussitôt cette décision. C'est certes son droit, mais nous lui avons dit que nous ne partageons pas cette action. C'est alors qu'il a préféré retirer la grosse pour faire exécuter lui-même cette décision. Donc sur cette affaire, nous avons exprimé notre opposition à M. Amer Amhad qui nous a retiré son dossier ».

Claude Dassé

afrikipresse.fr

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