INTERVIEW /Me Fofana Youssouf (RDR) fait de graves révélations: « La Constitution qui a été promulguée en 2000 n'est pas celle-là qui avait été soumise au vote des Ivoiriens»

  • publiè le : 2016-09-29 01:45:58
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INTERVIEW /Me Fofana Youssouf (RDR) fait de graves révélations: « La Constitution qui a été promulguée en 2000 n'est pas celle-là qui avait été soumise au vote des Ivoiriens»
« Ouattara va finir ses deux mandats prévus par la Constitution et partir »
« C'est le rôle de l'opposition de s'opposer »


Pour Me Fofana Youssouf, la Côte d'Ivoire est bien partie sous le Président Ouattara.

Le débat sur la nouvelle Constitution intéresse au plus haut niveau l'ensemble des Ivoiriens. Dans une interview accordée à Linfodrome.com, Me Fofana Youssouf, membre du parti au pouvoir, nous livre son avis sur la question.

Quels sont, selon vous, les enjeux d'une nouvelle Constitution en Côte d'Ivoire?

D'abord, il faut reconnaitre que la Constitution qui a cours actuellement est une Constitution qui a été élaborée dans des conditions que tous nous savons. C'est une Constitution qui a été élaborée par un régime militaire. La Constitution qui a été promulguée n'est pas celle-là qui avait été soumise au vote des Ivoiriens. Mais nous avons voté pour nous permettre d'aller aux élections et d'en finir avec le régime militaire. Il ne fallait vraiment pas que la Côte d'Ivoire demeure longtemps sous ce régime militaire. Tout le monde l'a reconnu, y compris le chef de l'Etat Laurent Gbagbo, cette Constitution avait été mise en place rien que pour éliminer un individu. Donc à partir de ce moment, cette Constitution n'était plus celle-là que les Ivoiriens devraient avoir. Lors de sa campagne présidentielle, le Président Alassane Ouattara a promis qu'une fois élu, il allait doter la Côte d'Ivoire d'une nouvelle Constitution. C'est ce qui est en train d'être fait par l'avant-projet de Constitution qui lui a été remis par le Comité des Experts. Je pense que dès l'instant où on sort d'une guerre, on peut se donner une nouvelle Constitution pour le long terme. Il était bon que le président de la République qui avait promis cela aux Ivoiriens, y réfléchisse. Il a estimé qu'il faut prévoir dans cette Constitution-là, un élément important : la vice-présidence qui permet au moins à quelqu'un d'être dans le sillage du Président et d'apprendre les rudiments du pouvoir. Cela est très important.


Mais l'opposition a engagé une campagne contre ce projet de nouvelle Constitution. Comment réagissez-vous face à cela ?

Vous parles bien de partis d'opposition. J'aurais craint s'il s'agissait de partis de l'alliance. C'est le rôle de l'opposition de s'opposer. Le RHDP représente dans ce pays au moins 70% de l'électorat. C'est le minimum. Je pense qu'on peut aller au-delà. Si on ajoute en plus des 5 partis que comporte l'alliance le PIT qui frappe actuellement à la porte, on pourrait se retrouver à plus de 80%. Le PDCI et le RDR à eux seuls comptent au moins 30% chacun sinon au-delà.


À défaut d'une nouvelle Constitution, pour le FPI, il aurait fallu une constituante...

Je ne sais pas s'ils ont un exemple ailleurs. La Côte d'Ivoire veut se doter de nouveaux textes. Ce que le FPI doit savoir, c'est que la Côte d'Ivoire est gouvernée. Et pour un pays bien organisé, les dirigeants mettent en place une structure pour réfléchir à la suite de consultations préalablement effectuées. Mais demander qu'on réunisse tout le monde autour d'une même table pour débattre, je ne pense pas que cela soit l'idéal. Nous avons un gouvernement qui fonctionne. Les institutions de la République marchent. Si nous voulons nous doter de nouveaux textes, nous n'avons pas besoin de mettre tout à néant pour faire de nouvelles constituantes. Le gouvernement qui veut doter la Côte d'Ivoire de nouvelles lois met en place un comité d'experts qui réfléchit à la suite de consultations avec toutes les forces vives afin d'élaborer une constitution consensuelle. C'est tout !


Il y a aussi que pour certains, cela cache une volonté du Président Ouattara de se maintenir au pouvoir...

Ce n'est nullement l'envie de vouloir se maintenir au pouvoir. Le Président Ouattara va finir ses deux mandats prévus par la Constitution et partir. Mais avant de partir, il veut donner des textes corrects à ce pays pour lui permettre d'avancer. Parce que s'il y a une bonne constitution, le développement suit. Nous sommes aujourd'hui à un taux moyen annuel de croissance de 9%. Pour maintenir cela, il faut qu'on dote notre pays de textes assez clairs. Cela est très important pour les investisseurs mais pour les Ivoiriens eux-mêmes. La cohésion nationale a besoin d'avoir des textes assez clairs.


Vu cette campagne contre la nouvelle constitution, ne craigniez-vous pas pour l'issue du référendum ?

Je ne peux pas parler de toute la Côte d'Ivoire mais je veux parler de ma région d'origine. À Mankono, je suis sûr et certain qu'on ne sera pas en deçà de 99% de taux de participation. Parce que d'abord les populations ont été mobilisées. Mais aussi l'ONI a enlevé des listes de tous les cas de décès. Donc nous pensons qu'au niveau de notre région, le Oui l'emportera sans problème. L'opposition est dans son rôle. Le RHDP fait campagne pour le Oui. Et je suis confiant que le taux de participation sera supérieur à la moyenne.


Le parti unifié, c'est pour bientôt. N'avez-vous pas peur de perdre tous vos privilèges en tant que cadre du RDR ?

Non ! Je pense que le parti unifié est une bonne chose. Parce que si chacun reste dans son parti sans que le parti ne soit unifié, il y a des risques de divergences et de concurrence à l'intérieur du RHDP. Le parti unifié est donc une bonne chose. J'encourage nos dirigeants à aller dans ce sens-là. Il n'y a pas à avoir peur. Dans des zones favorables au PDCI, le PDCI dirige. Dans d'autres zones où c'est le RDR qui est majoritaire, eh bien c'est le RDR qui dirige. Donc je ne vois pas pourquoi il y a à craindre.


Comment entrevoyez-vous les élections législatives à venir ? Est-il possible d'aller à des candidatures uniques RHDP ?

Je pense que la multiplicité des candidatures est une bonne chose. Vous savez, à l'époque, dans les années 95, il y avait des difficultés à avoir des candidats pour les élections locales. Il fallait demander pardon aux gens pour être candidats. Si aujourd'hui il y a beaucoup de candidatures, cela montre que le parti a évolué. On ne peut pas reprocher à quelqu'un d'être candidat. S'il y a plusieurs candidatures, il appartient à la direction du parti et aux militants de trancher. Maintenant, il y a une discipline au sein du parti. Si untel est retenu, il faut le soutenir et éviter les candidatures indépendantes. C'est pour cela qu'au niveau du RDR, j'ai apprécié la méthode de la direction du parti qui a demandé aux différents candidats d'aller se retrouver pour faire le consensus autour d'un seul. Sur 205 candidats au moins sur le plan national, 85 au moins ont pu avoir le consensus. Cela est déjà bon pour un début. Et donc le parti a estimé qu'il faut bien continuer. Cette fois-ci avec des médiateurs ou des personnes ressources, des cadres. Moi-même qui vous parle, je suis choisi pour aller dans le Bounkani. On ne force pas. On négocie pour avoir le consensus.


Êtes-vous vous-même candidat ?

Je suis candidat à Mankono. Cela fait un peu plus de 15 ans que nous dirigeons le parti à Mankono. C'est tout à fait normal qu'à un moment donné je postule aux législatives. Si je suis choisi, tant mieux. Mais dans le cas contraire, je serai probablement le directeur de campagne du candidat choisi. Mais je souhaiterais l'être parce que je remplis toutes les conditions. En tout cas je déconseille à tous les candidats d'aller en indépendant.


Un mot pour finir...

Ce qui a cours aujourd'hui, c'est le referendum. J'ai un seul appel en direction des populations ivoiriennes. C'est de faire confiance au Président Alassane Ouattara qui veut doter la Côte d'Ivoire de textes qui lui permettent de booster son développement. Parce que lorsque des investisseurs veulent venir dans un pays, ils regardent d'abord les textes. Si ce sont des textes confligènes, ils ont des doutes. Mais quand vous avez des textes qui ne prêtent pas à des interprétations, les investisseurs sont prêts à venir. Le Président Ouattara a fait qu'aujourd'hui la Côte d'Ivoire compte au point que notre pays est candidat au Conseil de sécurité de l'ONU comme membre non permanent. Et cette candidature est soutenue par la CEDEAO et par l'Union africaine. C'est dire que la Côte d'Ivoire est bien partie. Donc si le Président Ouattara propose des textes parce qu'il aime bien la Côte d'Ivoire, je souhaite que les Ivoiriens comprennent cela et que, comme un seul homme, on se lève tous pour aller aux urnes, voter cette constitution à 100%.


David YALA
source : Linfodrome    |    auteur : David YALA

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