Procès à la Cpi/ Losseni Fofana cité dans les massacres de Duékoué Le témoin : « Il y avait des victimes des deux côtés, peut-être même plus dans le camp pro-Ouattara »

  • publiè le : 2016-09-23 06:43:22
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Procès à la Cpi/ Losseni Fofana cité dans les massacres de Duékoué Le témoin : « Il y avait des victimes des deux côtés, peut-être même plus dans le camp pro-Ouattara »

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

Témoignant à visage découvert depuis la reprise du procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale (Cpi) depuis le lundi 19 septembre dernier, Mme Aurélie Fuchs a fini sa déposition le mercredi 21 septembre.


Elle a été "cuisinée'' par l'avocat principal de l'ex-chef de l'Etat, Me Emmanuel Altit, puis par la défense de Charles Blé Goudé. L'avocat de Laurent Gbagbo semblait avoir un seul objectif : jeter le doute sur les rapports produits par l'Organisation des nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci). Toutes ses questions étaient orientées dans ce sens.

Pendant son contre-interrogatoire, il demande au témoin si « des rapports ont été établis sur les massacres de Duékoué par des groupes rebelles à l'Ouest » (de la Côte d'Ivoire). « Je pense que c'étaient les Fafn (Forces armées des forces nouvelles, ex-rebelles) certainement alliées aux dozos. On a une équipe qui est partie sur place et qui a enquêté dans les régions de Duékoué et Guiglo. Je me rappelle qu'il y avait certains éléments des Fafn épinglés dans les conclusions (d'un rapport), je ne me rappelle pas et il me semble que le rapport est public », répond Aurélie Fuchs. Me Altit demande encore au témoin si elle peut donner un ou plusieurs noms. « Losseni Fofana », lâche-t-elle.

Les questions qui vont suivre sont relatives aux victimes de ces massacres. « Des populations plutôt pro-Gbagbo », indique le témoin. L'expression « populations pro-Gbagbo » va donner lieu à un jeu de mots entre le témoin et Me Altit. L'avocat de Gbagbo veut comprendre ce que recouvre cette expression. Mme Fuchs joue la prudence.



« La population était ciblée pour ses préférences politiques... »

Par exemple, l'avocat cherchera à savoir si en raison de leur ethnie, des personnes étaient considérées comme pro-Gbagbo. Réponse de Mme Fuchs : « La population était ciblée pour ses préférences politiques présumées, mais je ne dirai pas que c'est la vraie raison ». Me Altit revient sur la déposition du témoin devant le procureur. Il souhaite savoir si la source des rapports du témoin, au moment où elle était à la division des droits de l'Homme de l'Onuci, n'était pas de pro-Ouattara


Etant entendu qu'elle a travaillé avec des Ong locales, selon elle. « Je ne les qualifierai pas de pro-Ouattara. Il y avait des victimes dans les deux côtés, peut-être même plus dans le camp pro-Ouattara », indique le témoin. L'avocat de l'ex-chef d'Etat veut savoir également si le terme "rebelle'' était régulièrement utilisé par le personnel des Nations Unies. « Peut-être dans les discussions formelles ou informelles. Je ne m'en souviens pas », soutient Mme Fuchs.

L'avocat lit des paragraphes de la déposition du témoin dans lesquels, à Anonkoua Kouté, à Abobo, 2000 personnes avaient disparu. Le témoin donne des explications à ce paragraphe. Me Altit sort un autre rapport de Mme Fuchs dans lequel elle décrit les jeunes trouvés dans le village d'Anonkoua Kouté pendant la crise post-électorale. « Sur place, on a trouvé des jeunes gens en armes. Il me semble que parmi eux, il y avait des dozos. Ils portaient des amulettes. Il y en avait en tenue de dozo et d'autres en tenue mixte », note, en substance, le rapport. L'avocat sort la page d'un autre rapport, apparemment sur la même scène : « A Anonkoua Kouté, la mission a observé que le village était de facto sous le contrôle des jeunes armés de Ak 47, de lance-grenades et de couteaux. Des jeunes portaient des vêtements civils, avec des amulettes. Ils apparaissaient disciplinés sous une chaîne de commandement visible(... )»


Altit demande au témoin si elle reconnait ce rapport. « Il me semble que c'est la première fois que je le vois », concède Mme Fuchs. « Pourquoi n'avez-vous pas vu ce rapport ? », interroge la Défense. « A la fin de la mission, chacun fait un rapport, après il y a un rapport consolidé», laisse entendre le témoin. Me Altit lit un autre paragraphe dans lequel le village d'Anonkoua Kouté avait été violemment attaqué par les membres du commando invisible avec un déplacement massif de 5503 villageois. Le procureur émet une objection et indique que le témoin a déjà répondu à la question. « Ce n'est pas elle qui a rédigé ce rapport. Il faut aller de l'avant », lance le juge-président Cuno Tarfusser.

L'audience passe à huis clos. A la reprise, le juge-président suspend l'audience pour une trentaine de minutes afin de permettre à la défense de Charles Blé Goudé d'entamer son contre-interrogatoire.



Y.DOUMBIA (Envoyé spécial à la Haye)

source : L'inter

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