Côte d'Ivoire : quand Ouattara déplace ses pions

  • publiè le : 2016-01-23 06:40:49
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Côte d'Ivoire : quand Ouattara déplace ses pions

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

Un jeu de chaises musicales ? Pas seulement. Le mini-remaniement gouvernemental renforce la position des fidèles du président. Quant au rajeunissement de l'équipe, il attendra.

Adama Toungara, ministre du Pétrole et de l'Énergie, 72 ans ; Louis-André Dacoury-Tablé, ministre des Eaux et Forêts, 70 ans ; Ally Coulibaly et Gaoussou Touré, respectivement ministres de l'Intégration africaine et des Transports, 65 ans ; Pascal Abinan Kouakou, ministre de la Fonction publique, 64 ans ; Moussa Dosso, à l'Emploi, 60 ans et ministre depuis treize ans ; Patrick Achi, aux Infrastructures économiques, 60 ans également et ministre depuis seize ans ; Albert Mabri Toikeusse, aux Affaires étrangères, 53 ans et ministre depuis treize ans ; Hamed Bakayoko, à l'Intérieur, 50 ans et ministre depuis treize ans...

Les Ivoiriens s'attendaient à un nouveau gouvernement rajeuni, conformément à la promesse du président, Alassane Dramane Ouattara. Avec une équipe, présentée le 12 janvier, où les sexagénaires et quinquagénaires aux carrières ministérielles longues comme le bras se taillent la part du lion, ce n'est pas vraiment le cas. Ils s'attendaient aussi à plus de parité ; là aussi, leurs espoirs sont quelque peu déçus. Car si le nombre de femmes passe de quatre à neuf, celles-ci ne représentent aujourd'hui qu'un cinquième des 43 ministres (36 au sein du gouvernement et 7 auprès de la présidence).

Dans l'entourage du chef de l'État, on se défend %u2013 particulièrement sur ce dernier point %u2013 en avançant que « c'est déjà un grand pas » et que « peu de pays de la sous-région font mieux ». Soit. Quant au rajeunissement, il attendra. « Le président avait prévenu que cette nouvelle équipe serait globalement la même que celle qui l'a accompagné jusqu'à sa réélection, explique un proche de Ouattara. Le véritable remaniement aura certainement lieu après les législatives, prévues en fin d'année. »

Renforcer l'alliance RDR-PDCI

Pourtant, derrière cet apparent jeu de chaises musicales et les évolutions sémantiques dans les intitulés des ministères, les enseignements de ce mini-remaniement sont nombreux. À l'aube de la création d'un parti unifié entre le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, d'Henri Konan Bédié), il s'agissait d'abord de réaffirmer l'alliance entre les deux formations et leurs leaders. Ouattara, qui a présenté en personne sa liste à Bédié dans son fief de Daoukro, n'a débarqué qu'un seul de ses poulains : Charles Koffi Diby, ex-ministre des Affaires étrangères.

Ce dernier a été sanctionné %u2013 tout comme Gnénéma Coulibaly, l'ancien garde des Sceaux, et Ibrahim Bacongo Cissé, de la Fonction publique %u2013 pour ses ratés dans l'affaire de la plainte de Michel Gbagbo contre Guillaume Soro, en décembre. Koffi Diby et Coulibaly sont accusés de ne pas avoir transmis à la présidence et à l'Assemblée nationale la commission rogatoire internationale visant Soro. L'ancien ministre de la Justice argue qu'il était alors en déplacement ; et Cissé, qui en de pareilles circonstances doit assurer la suppléance, aurait lui aussi manqué à l'appel. Ce dernier, qui dit ne pas avoir été mis au courant de l'affaire, devrait très vite rebondir à la présidence, où l'attend un poste de conseiller chargé notamment de plancher sur la prochaine révision constitutionnelle et le parti unifié (deux sujets sur lesquels il a été étonnamment loquace dans la presse ces derniers temps).

Avec ces ajustements, Ouattara finit de marquer le caractère très présidentiel du régime et renforce la position de ses fidèles lieutenants : Hamed Bakayoko devient le seul ministre d'État au sein du gouvernement (contre quatre auparavant) ; Alain Donwahi, ex-conseiller du chef de l'État et désormais ministre auprès de la présidence, récupère le maroquin stratégique de la Défense ; quant à Thierry Tanoh et Philippe Serey-Eiffel, secrétaires généraux adjoints de la présidence chargés respectivement des affaires économiques et des grands projets, ils ont désormais une place de choix en Conseil des ministres.
source : Jeune afrique    |    auteur : Haby Niakate

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