C'est un Alassane Ouattara tout feu, tout flamme que les populations de Séguéla ont découvert et écouté samedi dernier. Pour le meeting de clôture de la visite d'Etat qu'il effectuait depuis le mercredi 22 juillet 2015 dans le District du Woroba, qui regroupe les régions du Bafing, du Béré et du Worodougou, le pré- sident de la République avait donné rendez-vous au public au stade Losséni Soumahoro de Séguéla. Dans cette localité, les cadres de la région avaient mis les petits plats dans les grands pour que ce rassemblement soit une fête populaire. Et il le fut, en témoigne la ferveur qui régnait, avec des chants et danses un peu partout, mais surtout des hommes et des femmes enthousiastes qui avaient pris massivement d'assaut les travées et la pelouse de ce stade, qui était archicomble. Malgré le caractère « passionnel » de cette visite, pour emprunter cette expression au ministre Amadou Soumahoro, et surtout l'ambiance festive qui régnait dans le stade Losséni Soumahoro, le chef de l'Etat n'a pas perdu de vue l'essentielBien plus, il a affiché une fermeté totale face aux allé- gations de certains acteurs de la classe politique ivoirienne, qui optent implicitement pour une non tenue de l'élection pré- sidentielle cette année. « Il faut que la Côte d'Ivoire ait des élections apaisées. Qu'on arrête de nous parler de transition. Ceci peut être assimilé à une atteinte à la sureté de l'Etat dans notre pays», a martelé le chef de l'Etat, avant de mettre en garde les uns et les autres : « Il n'y aura pas de transition en Côte d'Ivoire. Que ceux qui comptent sur une transition pour avoir des postes ministériels sachent que c'est terminé. C'est par votre compétence que vous aurez des postes. La Côte d'Ivoire n'a plus besoin de transition. Nous sommes dans une grande démocratie et une république civilisée». Alassane Ouattara est même allé plus loin en invitant « tous les candidats à faire preuve de mesure et à s'assurer que leurs propos sont conformes à notre volonté de paix et de réconciliation ». Et surtout à dire « ce qu'ils proposent aux Ivoiriens ». Le chef de l'Etat a notamment confirmé la tenue de l'élection présidentielle le 25 octobre prochain, comme l'énonce la Constitution. Il a aussi réaffirmé son engagement de faire en sorte qu'elle soit apaisée, transparente et démocratique. Selon lui, la liste électorale provisoire est désormais disponible et elle compte précisé- ment 6. 300 504 électeurs. « Cela veut dire que le processus électoral est enclenché et les dépôts de candidatures auront lieu bientôt. Je souhaite, pour ma part, qu'il y ait le maximum de candidats et que les Ivoiriens puissent choisir massivement celui qui est au travail et ne passe pas son temps à bavarder dans les journaux », a renchéri Alassane Ouattara, soulignant qu'il a confiance en ses compatriotes. Et le chef de l'Etat de faire remarquer : « Vous savez, les Ivoiriens ont toujours voté dans la paix et dans la discipline. Souvenezvous qu'en 2010, les élections, que ce soit au premier comme au second tour, se sont très bien passées avec des taux de participation d'à peu près 80% pour les deux tours. C'est à la CEI centrale, qu'un certain nombre de personnes que je ne désignerai pas pour ne pas être impoli, se sont mis à déchirer des procès-verbaux et ont créé la crise que nous avons connue. Cette année, il n'y aura pas de déchirements de procès-verbaux. Cela ne sera pas toléré». Et si la Côte d'Ivoire a connu la crise en 2010, Alassane Ouattara l'a dit, c'est parce que celui qui a été battu, a refusé de reconnaître les résultats. « En 2015, il n'y aura pas ce problème, parce que vous allez voter massivement dès le premier tour votre fils », a lancé le chef de l'Etat à l'endroit des populations du Worodougou. Ce que le chef de l'Etat souhaite avant tout, c'est un fort taux de participation « pour tourner la page de la crise, pour montrer au monde entier que nous avons tourné la page de la violence ». Pour lui, il faut aussi voter massivement pour « fermer la bouche à ceux qui bavardent et ne savent que bavarder». « En 2010, il n'y aura pas de déchirements de procès-verbaux » Comme tout au long de son périple dans le Woroba, le chef de l'Etat a encore réitéré sa volonté de maintenir la paix retrouvée en Côte d'Ivoire. Et cela passe, à ses yeux, par le renforcement de l'alliance des houphouétistes. « Après les élections, nous allons mettre en place un grand parti unifié. Nous ne voulons pas une interruption des progrès que nous avons commencés. Nous voulons par cette alliance montrer que la Côte d'Ivoire peut être un pays moderne et modèle », a-t-il noté, convaincu que l'Appel de Daoukro, qu'il a magnifié durant cette visite d'Etat, est un gage sûr de stabilité et de la paix pour la Côte d'Ivoire. Et cette paix, le président Ouattara la veut pour chaque famille, particulièrement celles qui ont perdu un proche dans la crise que le pays a vécu. « Je veux dire à tous ces victimes ou leurs proches que nous sommes conscients de leur souffrance. La justice fait certainement son travail contre les bourreaux, mais les victimes ne seront pas oubliées. D'ailleurs, le 4 août prochain, nous allons procéder à la première phase du processus d'indemnisation des victimes. Ce n'est pas l'argent qui compte en tant que tel, mais c'est pour montrerà ces victimes que nous les avons pas oubliées et que nous travaillons pour les soulager. Et que nous souffrons avec elles. Cette première phase portera sur près de 4500 victimes ou proches des victimes. Certaines d'entre elles ont été identifiées par la Commission nationale d'enquête. Cette rencontre aura lieu au Palais de la Présidence avec une délégation des parents des victimes pour leur montrer notre compassion et notre disponibilité. J'ai demandé au Première ministre que de faire en sorte que nous puissions dégager pour cette cérémonie entre 6 et 8 milliards de FCFA pour commencer l'indemnisation des familles des victimes, militaires ou civiles». Naturellement, Alassane Ouattara a donné des chiffres, qui traduisent son engagement à sortir cette région du pays de la pré- carité. «A l'occasion de cette visite d'Etat, ce sont près de 35 milliards de FCFA que nous avons investis dans la région du Worodougou », a révélé le chef de l'Etat. A l'en croire, ces investissements ont permis le bitumage de 16 km de voie dans la commune de Séguéla, le renforcement du réseau électrique, notamment l'éclairage public, l'électrification de 36 localités dans le Worodougou, la construction d'un châ- teau d'eau de 500m3 dans la ville de Séguéla ainsi que l'extension du réseau d'adduction en eau potable. Ce n'est pas tout, car 116 classes primaires ont été construites, de même que 3 collèges, 125 000 manuels et 120 000 kits scolaires ont été distribués. De plus, la construction de plus de 60 classes primaires et d'un collège moderne de jeunes filles avec internat à Séguéla est en cours. En matière de santé, les infrastructures sanitaires de l'hô- pital général de Kani viennent d'être réhabilitées, tout comme le CHR de Séguéla, qui a même été équipé et possède désormais un « très beau plateau technique », selon les propos du chef de l'Etat, et une antenne de transfusion sanguine. Sans oublier les ambulances offertes par Mme la Première Dame de Côte d'Ivoire, Dominique Ouattara. S'agissant de la question de l'emploi des jeunes, le chef de l'Etat a fait savoir que le ministre Sidi Touré vient de lancer l'opération « Agir pour l'emploi des jeunes dans le District du Woroba». Laquelle a permis, dira le président Ouattara, de financer plus de 600 projets portés par les jeunes, pour un montant de 280 millions de FCFA. « Cette opération va s'étendre à toutes les régions de Côte d'Ivoire. Et ce sont des dizaines de milliers d'emplois que nous allons créer ainsi », a fait remarquer le pré- sident Ouattara. Toujours en termes d'investissements, le chef de l'Etat a souligné que dans le cadre de cette visite d'Etat, la Première Dame a dégagé au total 900 millions de FCFA pour les femmes, soit 450 millions de FCFA distribués par le FAFCI (Fonds d'appui aux femmes de Côte d'Ivoire) et 450 millions de dons en matériels. Dans la foulée, il a annoncé un nivellement de la dotation du FAFCI, qui passera de 6 à 8 milliards de FCFA, avant la fin de l'année. Quant aux investissements futurs, le chef de l'Etat a indiqué que pour la période 2016-2020, c'est la rondelette somme de 150 milliards de FCFA qui seront injectés dans le Woroba. Cela permettra, a-t-il expliqué, de faire le bitumage de l'axe Mankon-Tiéningboué pour 31,8 milliards de FCFA ; du tron- çon Mankono-Séguéla pour 35 milliards de FCFA ; la construction de deux ponts. Le premier, c'est celui de Massala dans le département de Séguéla pour 4 milliards de FCFA et une durée de 6 mois à un an de travaux. Le second, c'est le pont deKongasso qui reliera cette localité à Kounahiri, pour 2 milliards de FCFA et environ 6 à 8 mois de chantier. Et dans le secteur de l'agriculture, le projet d'appui à la production agricole et à la commercialisation à l'extension de l'ouest dénommé Propacom Ouest sera lancé dès le mois de septembre. Ce projet, qui couvre tout le District du Woroba, vise à soutenir la production de cultures vivrières, pour une durée de 6 ans et un coût de 24 milliards de FCFA. Le chef de l'Etat a également promis le bitumage de l'axe Kani-Boundiali pour un financement de 66 milliards de FCFA déjà obtenu auprès de la Banque africaine de développement. Pour Alassane Ouattara, tout cela n'a qu'un but : désenclaver cette région. « Mon objectif est de faire en sorte que tous les chefs-lieux de département soient reliés par le bitume. Nous comptons également faire la réhabilitation et le développement du réseau électrique dans la région, la construction de la ligne électrique Mankono-Séguéla. Nous avons aussi prévu d'ici 2016, la construction de 264 salles de classes, d'un collège à Diarabana et Bobi ; et la construction du lycée mixte d'excellence de Séguéla pour garantir un avenir prometteur à notre jeunesse », a égrené le chef de l'Etat, histoire de montrer qu'il nourrit de grands projets pour le Woroba. Comme par exemple le bitumage des axes routiers Man-Séguéla ; DianraBoundiali ; Touba-Séguéla, et de l'aéroport de Séguéla pour un montant de 7 milliards de FCFA. De très « bonnes nouvelles» accueillies par une véritable liesse populaire.