Henri César Damalan, aux dirigeants : « Quand on est sourd au dialogue, on finit dans un bunker. »

  • publiè le : 2020-06-02 09:36:34
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Henri César Damalan, aux dirigeants : « Quand on est sourd au dialogue, on finit dans un bunker. »

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

Henri César Sama Damalan, ex ministre de la communication et porte parole de la junte militaire sous Robert Guéï de 1999 à 2000, s'est exprimé à la faveur de l'actualité nationale et internationale.

Le colonel à la retraite a décrit le paysage pandémique du monde, ses conséquences sur des pouvoirs qui vivaient des situations dramatiques, en abordant aussi l'assassinat de George Floyd aux États-Unis, ses répercussions sur la maison blanche avant de conclure par une comparaison avec la situation de son pays.

Henri César Damalan affirme que le pouvoir d'Emmanuel Macron était au bout du gouffre, avec la pression des gilets jaunes qui ont mis en pièce tous les fondements de cette République qui se vantait d'être la plus vieille démocratie du globe. Le gouvernement français a tremblé et n'a eu son salut qu'à l'évènement de la covid-19. Grâce à cette pandémie, il a eu un moment de répit...

Le militaire a aussi présenté l'actualité américaine avec cette révolte du peuple jusqu'aux portes de la maison blanche, contraignant les services de sécurité à placer le président Trump dans un bunker, suite à son laxisme face à l'assassinat de George Floyd à Minneapolis.

Henri César Damalan nous fait constater ensuite que ni les armes de Macron n'ont réussi à vaincre les gilets jaunes, encore moins celles de la plus grande puissance du monde qui a préféré planqué son chef dans une tanière. Son constat continue avec cette citation qu'il nous offre entre ces guillements :

« Quand la misère et l'injustice dépassent les limites du supportable, même la mort ne constitue plus un risque. Elle devient une arme de combat. »

En partant de ces descriptions françaises et américaines, Henri César Damalan aboutit à une généralité, mettant en garde tous les dirigeants du monde, en les faisant observer que si Macron et Trump ont reculé face à la colère du peuple, ce ne sont pas des dirigeants n'atteignant pas ces deux leaders à la cheville qui pourront avoir le dessus.

Le militaire, qui a par ailleurs occupé de hautes fonctions sous Gbagbo, s'est particulièrement axé sur son pays, la Côte d'Ivoire, à travers ces propos qui sont fidèlement les siens :

« Ces deux exemples devraient constituer des avertissements pour les dirigeants qui se fondent sur leurs propres certitudes pour rester sourds aux appels au dialogue de leurs peuples ou de leurs oppositions. Ils doivent savoir que le monde s'effondre et que toutes les certitudes deviennent incertaines. Rien n'est désormais plus figé et une petite cause peut tout faire basculer. Cet enseignement est aussi et surtout valable pour tous ceux et toutes celles qui se targuent d'avoir tout géré, tout calé et tout bouclé. Tirer leçons des expériences vécues sous d'autres cieux n'est pas une faiblesse. Bien au contraire. Ce serait faire preuve d'humilité et de sagesse pour s'épargner bien de désagréments.

Le pouvoir, comme aime à le dire Bertin Ganin, " c'est ce qui peut encore ". C'est donc pouvoir changer le fusil d'épaule quand cela est possible et s'inscrire dans une dynamique de dialogue constructif qui pourrait préserver l'unité d'une nation face aux bouleversements observés ici et là. À défaut de s'y résoudre, on court le risque de perdre son pouvoir et ses privilèges dans un monde qui chaque jour s'effondre.

Puisse la sagesse et l'humilité visiter nos dirigeants pour les sortir de leurs certitudes et leur entêtement pour leur propre bien et celui de leurs peuples. »



À lire la conclusion de Damalan, nous comprenons qu'il ne fait aucun doute qu'en raison des dernières nouvelles de la Haye, à savoir l'élargissement des libertés de mouvement de Gbagbo et Blé, le militaire à la retraite invite les autorités à saisir cette perche pour sortir définitivement de la belligérance, pour une accolade avec leurs deux frères ivoiriens. À défaut de quoi, semble-t-il nous dire avec cette subtilité dans ses mots, le bunker n'est jamais loin.



auteur : Louis-César BANCÉ

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