L'arrivée à Toumodi de Souleymane Kamaraté Koné dit Soul to Soul et de son compagnon d'infortune s'est répandue comme une traînée de poudre dans la ville et ses environs. La forte médiatisation de l'affaire « Soro », avec ses multiples séquences, explique en grande partie cette situation. L'arrestation des pro-Soro, le lundi 23 décembre 2019, dans la foulée de l'atterrissage manqué du député de Ferké, avait fait grand bruit. Ils ont été présentés devant un juge, inculpés, soit pour diffusion et publication de nouvelles fausses (...), trouble à l'ordre public ou encore atteinte à l'autorité de l'État, avant d'être placés sous mandat de dépôt.

A Toumodi, la présence de partisans de Guillaume Soro, au nombre desquels son bras droit, Soul to Soul, est diversement commentée. Beaucoup ne résistent pas à la tentation de faire un lien avec le séjour carcéral de Sébastien Dano Djédjé.

En 2015, l'ex-ministre et baron du Front populaire ivoirien avait passé sept (7) mois dans la prison civile de Toumodi. Si les visites à l'ancien ministre de la Réconciliation nationale se faisaient fréquentes parce que faciles, celles concernant les détenus pro-Soro paraissent plus difficiles. C'est du moins le constat fait par notre équipe.

Conditions strictes

Le visiteur, à moins d'une forte détermination, peut être découragé dans sa démarche en raison des conditions à remplir pour rendre visite à Soul to Soul ou à son codétenu. Selon nos sources, tout se décide à Abidjan.

Les billets pouvant donner droit à une visite sont délivrés dans la capitale économique par le parquet. Ces conditions sont non négociables et s'imposent à tous. Le week-end dernier, un vice-président du Rassemblement pour la Côte d'Ivoire (Raci), parti pro-Soro dirigé par Mamadou Kanigui Soro lui aussi détenu, s'est rendu à la prison de Toumodi dans l'intention de voir ses camarades.

Ce responsable du Raci, qui a souhaité garder l'anonymat, est retourné déçu de ne pas avoir vu Soul to Soul et Babou Traoré. Il a échoué à rencontrer les deux hommes eu égard aux conditions d'autorisation de visite qu'il ne remplissait pas. « Quand nous avons eu l'information que nos camarades ont été extraits de la Maca pour être transférés à la prison civile de Toumodi, je suis allé à la prison pour les voir. Mais ça n'a pas été possible.

On m'a laissé entendre que pour être autorisé à rendre visite, il nous faut un ticket délivré par le cabinet d'instruction à Abidjan », rapporte le vice-président du Raci. « Certes, ce n'est pas impossible de se rendre au cabinet d'instruction à Abidjan mais reconnaissez que cela n'est pas donné à tout le monde non plus. Surtout à ceux comme nous qui ont ce statut politique. Dire que c'est un refus ne serait pas faux. En tout cas, pour nous, c'est tout comme », commente, un brin affligé, le responsable du Raci.

Les conditions de visite ci-dessus énumérées ont fait reculer un mouvement de défense des droits de l'Homme, apprenons-nous.

Le premier responsable de cette Organisation non gouvernementale (Ong) avait planifié une mission sur Toumodi, le samedi 11 janvier 2020, afin de s'enquérir des conditions de détention de Soul to Soul et Babou Traoré. Finalement, la mission a été reportée, sans doute le temps de réunir les conditions pour avoir accès à la prison.

A l'époque, Sébastien Dano Djédjé avait eu son séjour carcéral en partie facilité par la fédération locale du Fpi.

Puisque les responsables de la fédération avaient un accès facile à la prison civile, ils pouvaient apporter un soutien à la fois moral et matériel à leur camarade. N'empêche que l'ancien ministre de la Réconciliation nationale avait connu une période difficile : son état de santé s'était détérioré et il avait été évacué sur Abidjan.

Les pro-Soro détenus à Toumodi sont probablement loin de là. Il reste que des sympathisants de Générations et peuples solidaires (Gps), mouvement politique de Guillaume Soro, souhaitant assister leurs camarades, sont pour l'heure, freinés dans leurs ardeurs en raison des conditions de visite.

Selon une source pénitentiaire contactée par L'inter, les conditions de visite aux détenus de Toumodi peuvent paraître strictes, mais elles n'ont rien « d'anormal ». « Ce sont des procédures courantes. Et il faut tenir compte du contexte, de la sécurité des personnes concernées. On ne sait pas a priori qui rend visite », explique la source.