Dah Sansan, président jeunesse RHDP : « Henri Konan Bédié est un vestige politique »

  • publiè le : 2019-11-22 18:25:04
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Dah Sansan, président jeunesse RHDP : « Henri Konan Bédié est un vestige politique »
Le président de l'Union des jeunes du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (UJRHDP), Dah Sansan Tilkouété, présente son mouvement comme la structure opérationnelle chargée de l'animation permanente de la base du RHDP. Dans cette interview exclusive accordée à Tembo, il fait le tour de l'actualité politique dominée par les attaques de l'opposition contre son parti et donne la réplique, notamment au président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire.

Comment est organisée la jeunesse du RHDP à une dizaine de mois de la présidentielle de 2020 ?

Elle continue d'étendre sa toile car elle n'est pas une nouvelle jeunesse. Elle a déjà fait ses preuves, et il est question maintenant de porter véritablement les habits du combat de 2020 à travers l'élargissement de notre champs d'action.

Plusieurs velléités de candidatures à la présidentielle à venir sont relayées au sein du RHDP. Comment percevez-vous cette situation?
Vous posez-là une question qui ne devrait pas l'être parce que nous sommes dans un parti politique. Et tous les cadres du parti ont le droit d'aspirer à être candidat. Ce n'est que le jeu normal du fonctionnement de tout parti politique. Cependant, la décision finale revient à l'instance suprême du parti qui est habilitée à choisir son candidat pour la présidentielle de 2020. Au niveau de la jeunesse, c'est seulement ce moment-là que nous attendons pour nous déterminer et mener le combat pour la victoire du RHDP.
Selon vous, quel serait le candidat idéal?
Le candidat idéal sera le candidat du RHDP. Il doit répondre aux critères choisis par le parti pour la conservation du pouvoir. Les critères du choix du candidat RHDP doivent être nécessairement fondés sur la continuité de l'action gouvernementale entreprise par le président Alassane Ouattara. Là où se trouve la Côte d'Ivoire aujourd'hui, il n'est plus question de lui enlever un seul aspect de son développement. Il faut obligatoirement un candidat qui puisse assurer la continuité de la politique du président actuel. En dehors de ce schéma, je ne vois pas comment un candidat peut servir utilement la Côte d'Ivoire.

Quelles sont vos relations actuelles avec Soro Guillaume?
Nous avions des rapports purement politiques. Aujourd'hui, nous ne sommes plus du même bord, nous entretenons au cas échéance des relations de frères et d'habitants d'un même pays. C'est tout ! Mais, politiquement, tout le monde sait que les positions sont divergentes.
Monsieur Soro fait, ces temps-ci, beaucoup de sorties contre le RHDP et son président. Votre réaction ?
Je crois que Guillaume Soro n'avait pas du tout à s'occuper du RHDP. Il a décidé de fonctionner selon ses propres convictions, il faut qu'il aille dans ce sens et laisse le RHDP s'organiser comme il l'entend.
Mais tout de même n'est-il pas un candidat gênant pour le RHDP à la présidentielle?
Aucun candidat, et j'insiste là dessus, n'est gênant pour le RHDP. Guillaume Soro, Henri Konan Bédié...ne sont pas des candidats gênants pour nous. On ne choisit pas son adversaire dans une lutte politique. Dans cette lutte, l'adversaire se présente et tu le combats avec les moyens à disposition. Et le RHDP battra tous ses adversaires en 2020.
A côté du cas Soro, il y aussi l'ex-président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé qui sont aux aguets pour ces élections. Leurs partisans se mobilisent et affirment d'ailleurs que le parti au pouvoir ne veut pas de la réconciliation.
Ils font juste du bruit et toutes ces tribulations montrent clairement que l'opposition en Côte d'Ivoire manquent de maturité. Dans tous les cas, ils sont dans leur rôle de s'opposer et dire des choses contraires. Parfois, ils se contrarient eux-mêmes, c'est abondant. On les voient affirmer des choses et se dédire, cela n'est pas nouveau de la part de cette opposition que nous connaissons de très longue date. Nous, nous continuons de travailler.
Mais selon vous, que faudrait-il pour aller véritablement à la réconciliation?
La Côte d'Ivoire est réconciliée. Ce fonds de commerce que les gens utilisent depuis très longtemps, il faut bien le changer. La réconciliation n'est pas un processus achevé. Il faut plutôt consolider la cohésion nationale. Cela me parait être un chantier beaucoup plus crédible que de continuer de parler de réconciliation là où ces personnes qui se posent en victimes ont déjà tout eu. Ils s'attachent à cette notion pour ennuyer le peuple ivoirien.

Pourtant, l'opposition dénonce les poursuites à son encontre et une atmosphère délétère dans le pays qui ne présage rien de bon.
Il n'existe aucun pays au monde où il n'y a pas de prisonniers. Donc, si à cause des prisonniers ils disent qu'il n'y a pas de réconciliation, c'est nier aussi l'évidence des différents pouvoirs. Le pouvoir judiciaire, par exemple, doit faire son travail. Il faut arrêter de faire comme si la volonté de l'opposition doit régir la bonne marche du pays. Ce n'est pas la volonté d'une minorité qui s'impose en démocratie, mais plutôt celle de la majorité. Il ne faut pas faire comme si les choses n'allaient pas bien en Côte d'Ivoire, bien au contraire.
La CEI marche-t-elle bien alors même que son président appelle toute l'opposition, qui dénonce sa non impartialité, à rejoindre cet organe ?
A-t-il dit ce qu'il ne fallait pas? A-ton empêcher ces partis de l'opposition d'en être membres? Il y a des moyens dans un Etat pour faire des revendications. Ces personnes-là ont saisi des tribunaux, elles ont été déboutées ou des décisions ont été rendues et appliquées. Il faut qu'ils aient recours aux voies qui pourraient garantir le fonctionnement d'une démocratie. Pour l'heure, la CEI a été installée sur des bases purement démocratiques. Ils doivent alors arrêter leur gesticulation.
Pourtant beaucoup d'observateurs sont d'avis avec l'opposition. Ils affirment même que la situation actuelle est apparente de celle d'avant la présidentielle de 2010 ?
Quels sont les aspects relayés par ces observateurs? Peut-être un ou deux. On ne peut pas dire de façon globale que l'atmosphère en Côte d'Ivoire n'est pas favorable à quoi que ce soit. Nous sommes tous des Ivoiriens qui vaquons quotidiennement à nos occupations sans difficulté. La sécurité est garantie. De quoi parle-t-on alors ? Il ne faut pas imaginer des choses sur la base des effarouchements de certains opposants. Je crois certainement que vous faites allusion aux différentes sorties de l'ancien président de l'Assemblée nationale à ce sujet qui prévoit un déluge sur la Côte d'Ivoire. A ces gens-là, il faut leur dire clairement que ce n'est pas la bonne façon de faire la politique. Cette mauvaise option doit cesser dans le pays. Parler sur un ton violent; on ne peut prétendre servir la Côte d'Ivoire avec cette réaction. Dans tous les cas, les institutions ivoiriennes fonctionnent correctement. Et quiconque va essayer de semer des troubles devra répondre de ses actes. Les Ivoiriens n'ont pas à avoir peur. Cela fait longtemps que des gens essayent de leur faire peur, mais vous avez remarqué que désormais ils savent ou se trouve la vérité. Ceux qui veulent détruire la Côte d'Ivoire et ceux qui veulent la construire.
Que faudrait-il alors pour aller véritablement à la paix, tous ensemble?
Toutes les conditions ont été créées en Côte d'Ivoire pour permettre à tous les Ivoiriens, qui veulent vraiment se débarrasser de ces tares-là, de le faire et de se sentir bien. Mais s'il se trouve quelques singletons qui, parce que leur intérêt n'a pas été pris en compte, veulent détruire le pays, la Côte d'Ivoire ne va pas arrêter son fonctionnement pour leurs beaux yeux. La Côte d'Ivoire ne peut arrêter d'avancer parce que Soro, Bédié, Blé Goudé, Kouadio Konan Bertin...ne sont pas d'accord. Le pays est au-delà de leurs personnes. C'est l'orientation politique, la sécurité, le développement qui intéressent un Etat. Et non l'intérêt de ceux qui veulent le pouvoir pour s'enrichir ou avoir une certaine valeur.
Mais au nom de la réconciliation, ne pensez-vous pas, par exemple, qu'en cas d'acquittement effective de l'ex-président Laurent Gbagbo et son ministre Blé Goudé, ils regagnent le pays?
Selon la loi ivoirienne, Blé Goudé n'a jamais été ministre en Côte d'Ivoire. La réconciliation ne doit pas se limiter ou être conditionnée à deux personnes. Si on libère Laurent Gbagbo aujourd'hui, qu'en sera-t-il des 3000 morts et leurs parents ? Pensez-vous que la vie de Gbagbo ou Blé Goudé pèse plus que celle de ces victimes-là? Il y a eu des morts et il faut bien une justice. Le procès doit aller jusqu'au bout afin que chaque partie, y compris les accusés, soit soulagée.
Je reviens pour dire, s'ils sont acquittés de toutes les charges...
S'ils sont acquittés, ils leur appartient de prendre l'orientation qu'ils veulent. Maintenant, si suite à cela ils rencontrent une difficulté, cela sera le cours normal de la vie. Mais je reste persuadé que, même s'ils sont acquittés, ils auront quand même du fil à retordre.
Le ministre Hubert Oulaye a affirmé récemment que le gouvernement refuse la main tendue du FPI. En outre, il a fait remarquer que plusieurs localités du pays, notamment l'Ouest du pays, ont aussi beaucoup souffert de la crise mais il n'y a toujours pas de justice à ce niveau.
Il faut dire les choses avec des preuves, cela est important. Le ministre Hubert Oulaye est un professeur de droit que je connais très bien. Je pense qu'il sait très pertinemment qu'en tant que juriste il est bon de parler avec des preuves. Il ne s'agit pas d'avancer juste des propos. Qu'il en apporte les preuves. Également, si le FPI a un projet sérieux pour la cohésion sociale, le gouvernement est preneur.
Pourtant plusieurs rapports, et même l'ONUCI, ont décrié des crimes voire des charniers dans à l'Ouest ?
Quand il y a un charnier, quelle est la procédure à suivre ? Pensez-vous que des enquêtes n'ont pas été menées en Côte d'Ivoire ? Est-ce qu'ils n'y a pas des poursuites qui sont engagées ?
Sur ces crimes là, il n'y pas encore de procès...
La crise ivoirienne a posé tellement de questions à la Côte d'Ivoire. Les réponses à donner à l'ensemble de ces préoccupations prennent parfois beaucoup de temps. Qui plus est, il faut arriver à justifier et circonscrire véritablement l'élément afin qu'on puisse mieux l'appréhender. Si on a un problème d'identification déjà, comment voulez-vous cerner les faits.
Mais cela fait tout même 10 ans maintenant?
Il y a des procès qui peuvent durer 20 ans. Et jusqu'aujourd'hui, on a pas encore fini de juger Laurent Gbagbo.

Le président du PDCI, votre ex-allié, a fait une sortie dans laquelle il dit que le RHDP a fait venir des étrangers, notamment des Maliens, à son meeting en France pour donner l'illusion du nombre de participants. Votre réaction?
Une fois encore, l'ancien président de la République Henri Konan Bédié démontre qu'il n'a même pas le droit de bénéficier du pardon de la nation ivoirienne. Il montre une fois de plus qu'il est un vestige politique. Parce que tenir des propos tels, de façon si ironique, sachant très bien que ces propos sont de nature à créer des troubles, des problèmes de cohésion nationale. Et même, cela concerne un autre Etat, c'est suffisamment grave pour quelqu'un qui a signé pour le compte de l'Etat. Bédié a véritablement embarrasser le Mali. Il pensait insulter le RHDP, mais c'est tout un pays qu'il a injurié. Ceci dit, le RHDP continue sa marche et nous allons nous mesurer véritablement en 2020.
Au niveau de la politique, beaucoup pensent que les jeunes devraient prendre le devant des choses, car ils estiment que les anciens n'ont pas relevé le défis. Qu'en pensez-vous?
Je ne vois pas de quels défis vous parler puisque la gestion du pouvoir actuel est la plus exemplaire que la Côte d'Ivoire a connue depuis son indépendance, hormis la période du président Houphouët-Boigny. Et il y a plein de jeunes qui travaillent aux côtés du président Alassane Ouattara. Ils sont dans les administrations, ministres ou PCA. Ils sont bien à leur place dans le système Ouattara. Je vous ferai remarquer que les ministre du budget, de la jeunesse, du commerce.. sont des jeunes.
Toujours sur ce point, l'on accuse le pouvoir de faire un rattrapage ethnique au détriment des autres jeunes ?
Vous ne pouvez empêcher des gens de dire ce qu'ils veulent. Mais les recrutements dans l'administration se font normalement par voie de concours et selon les compétences. Maintenant, il y a des choix politiques qui sont exclusivement du ressort du parti.
Comment entrevoyez-vous votre avenir politique ?
Je suis député de la nation et président de l'UJRHDP. On continue de faire notre travail et on avance.
Vous n'avez pas d'autres ambitions ?
La graduation politique se fait étape par étape. Je ne veux pas être de ces jeunes-là qui veulent sauter les étapes, brûler tout et chercher à tout reprendre.
Votre mot de fin...
J'appelle tous les Ivoiriens à s'ordonner. C'est le plus important. Il faut permettre à la Côte d'Ivoire de bénéficier de ces années de stabilité. Quoiqu'on dise, de 2012 à ce jour, le pays a connu une stabilité qu'il avait perdu depuis un certain temps. Il est important pour les Ivoiriens de se mettre ensemble. Il est primordial de conserver les acquis du président Ouattara. Demain la Côte d'Ivoire va avoir un sourire encore plus radieux.
Interview réalisée par Franck K
source : africadaily.info

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