Polémique autour de la présence d'étrangers armés dans les agglomérations Ivoiriennes : BEDIE a-t-il dit tout haut ce que les ivoiriens pensent bas ?

  • publiè le : 2019-06-16 02:49:22
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Polémique autour de la présence d'étrangers armés dans les agglomérations Ivoiriennes : BEDIE a-t-il dit tout haut ce que les ivoiriens pensent bas ?

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

En évoquant la question de l'exploitation illégale des sites aurifères en Côte d'Ivoire, avec tous les dérapages constatés autour, Henri Konan BEDIE a-t-il touché le noyau de la plaie ? En effet, depuis la rencontre du 05 Juin dernier entre le Président du PDCI-RDA et les délégués de son parti de la commune de Koumassi, dans la banlieue sud d'Abidjan, l'on observe des réactions épidermiques à la limite du déchaînement de la part du Gouvernement Ivoirien, qui, visiblement ébranlé par la verve de l'ex-Chef d'état, songe même, en tout cas, à en croire son porte-parole, à faire inculper le dirigeant de la plus ancienne formation politique de Côte d'Ivoire pour des propos" appelant à la haine de l'étranger et de nature à mettre en péril, au-delà de la paix et de la cohésion sociale''.
Entre manifestations d'hostilité et répliques incisives contre les propos du successeur d'Houphouët-Boigny, les réactions ne se comptent plus au RHDP. La dernière en date étant la sortie programmée de l'actuel Ministre des Ressources halieutiques, KOBENAN Adjoumani, lui-même, produit du doyen de la politique Ivoirienne, qui en réponse aux attentes de ses nouveaux maîtres , s'est plié à sa contrainte régulière en attaquant de front "son Père'', pour justifier ses gratifications pécuniaires. Mais qu'a réellement dit HKB de si grave pour subir à ce point le courroux des tenants du pouvoir à Abidjan ? En analysant les propos de l'homme, il semble que le leader du PDCI a tout simplement dit haut ce que la plupart des ivoiriens pensent tout bas. Faisant un clin d'oeil aux conflits intercommunautaires qui ont approfondi les clivages ces derniers mois entre populations autochtones Ivoiriennes et allogènes, étrangères, notamment à Béoumi, le Président Henri Konan BEDIE dénonce l'affluence massive de ressortissants étrangers, qu'on déporte dans les régions aurifères pour pratiquer l'orpaillage clandestin et qui selon lui "sont armés et stationnés maintenant dans beaucoup de villages''. Le Leader PDCI-RDA de se demander alors "c'est pour servir à quoi'' s'ils sont armés ? Une interrogation qui mérite à tout point de vue d'interpeller alors que la région de la Vallée du Bandama et avec elle, toute la Côte d'Ivoire tente toujours de comprendre les circonstances troublantes qui ont conduit à ce bilan macabre de 14 morts, de source officielle, dans des affrontements entre populations civiles, où les armes automatiques ont été les plus en verve. Au-delà de la nécessité de réconcilier les populations, la vérité doit éclater sur cette affaire, pour que l'on sache exactement, rien que par respect pour la conscience populaire, ce qui s'est réellement passé, qui a fait usage de ces armes, dans quelles circonstances les armes sont-elles entrées et quelles sont les sanctions qui doivent être prises pour empêcher ce genre de violences de se reproduire.
Parce que s'il y'a eu Béoumi, il est plus que probable qu'il y'ait encore d'autres localités de la Côte d'Ivoire où le cratère menace d'exploser, surtout à l'approche des échéances électorales de 2020 pour lesquelles, le parti au pouvoir se dit convaincu que "tout est déjà bouclé''. Ce ne sont ni les visites de personnalités proches du chef de l'état, ni les appels à l'apaisement qui pourront dissoudre les ressentiments dans les coeurs. S'il faut un mois, pour que le Médiateur de la République, par ailleurs Baron du RHDP, fasse le déplacement sur place, cela peut tristement illustrer les pincettes avec lesquelles le régime ivoirien gère cette affaire, pourtant toxique pour la cohésion nationale. Et si, dans le même temps, un chef de parti politique et non des moindres, livre sa part de vérité sur une affaire d'enjeu national, faut-il voir la queue du diable ? Pour Henri Konan BEDIE, il y'a bel et bien des ressortissants étrangers dans ces régions qui sont spécifiquement armés pour tuer et "il faut simplement que nous (les Ivoiriens) soyons conscients, car le moment venu, nous agirons pour empêcher ce hold-up sur la Côte d'ivoire sous le couvert de l'orpaillage''. C'est sa version des faits, c'est ce qu'il croit savoir, sans doute sur la base d'éléments d'informations probants et il importe que les autorités compétentes fassent prestement la lumière sur cette affaire afin de situer l'opinion nationale et internationale sur les circonstances réelles de cette tragédie qui couve dans le centre de la Côte d'ivoire, une zone où les tensions se sont de surcroît intensifiés ces derniers mois avec le divorce entre le PDCI et ses ex-alliés du RHDP.
Autre situation relevée par Henri Konan BEDIE et sur laquelle le pouvoir en place à Abidjan est aussi appelé à rassurer les Ivoiriens, la question de l'enrôlement massif et frauduleux de populations étrangères, qui selon le Président du PDCI-RDA, sont destinés à grossir le bétail électoral du RHDP pour la présidentielle de 2020. Vrai ou faux, ces accusations sont assez graves et surtout révélatrices d'une crise identitaire dont la pérennité dans le débat politique en Côte d'ivoire depuis la fin des années 1980, pourrait encore transcender les générations actuelles pour saper la construction de l'avenir de la Nation Ivoirienne. Pour se faire convaincant, le Sphinx de Daoukro indexe directement la commune d'Abobo, au Nord d'Abidjan, comme un carrefour de cette fraude massive tout en s'insurgeant dans la foulée contre ce qu'il considère être des abus d'hospitalité de la part des ressortissants étrangers installés dans les zones forestières où des conflits fonciers endeuillent les familles depuis des décennies. Là encore, les initiatives politiques et les missions de bons offices de fils de la région n'auront pas réussi à estomper les rancoeurs, notamment dans la partie ouest du pays.
Sommes-nous en train d'assister au réveil ou à la résurrection d'une crise identitaire qui a précipité la Côte d'Ivoire dans le chaos à la veille des années 2000 ? Il est clair qu'avec l'évolution globale de la situation sociopolitique depuis le coup d'état de Décembre 1999, aucune solution viable n'a été trouvée pour mettre fin à ces conflits latents, à l'origine de toutes les crises armées que la Côte d'Ivoire a connu et qui menacent d'engloutir, à n'y prendre garde, les espoirs de milliers de personnes à l'horizon 2020.

source : Netafrique.net    |    auteur : Raoul MOBIO

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