Kobenan Kouassi Adjoumani Porte-parole Principal du RHDP « M. Bédié a tué le PDCI-RDA qu'Houphouët-Boigny lui a laissé. Et ce qu'il gère aujourd'hui c'est un peu comme le CNB (Cercle National Bédié), nouvelle formule ».

  • publiè le : 2019-02-27 17:02:01
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Kobenan Kouassi Adjoumani Porte-parole Principal du RHDP « M. Bédié a tué le PDCI-RDA qu'Houphouët-Boigny lui a laissé. Et ce qu'il gère aujourd'hui c'est un peu comme le CNB (Cercle National Bédié), nouvelle formule ».
Monsieur le porte-parole du RHDP, depuis quelques temps, le pays connait une agitation politique et sociale sans précédent. Peut-on dire que plus rien ne va et que tout semble échapper à tout contrôle ?
La Côte d'Ivoire est au travail. Chaque jour quand vous vous levez vous voyez un pays en perpétuel mouvement, d'importants chantiers en cours aussi bien à Abidjan qu'à l'intérieur du pays. Quand vous allumez votre télé ou votre radio, vous entendez les rapports des différents partenaires au développement sur la situation économique de la Côte d'Ivoire. Une croissance forte et soutenue, une inflation maîtrisée. Ce sont des résultats qui nous interpellent et qui devraient nous rendre fiers. Certes, il y a encore beaucoup à faire. Nous ne disons pas que tout est rose, mais nous sommes dans une dynamique très positive. Et c'est en maintenant ce cap que nous allons combler les fortes attentes de nos populations.
Évidemment, il fallait créer la richesse avant de la partager. De 2011 à 2018, le Président de la République s'est attelé à remettre le pays sur les rails, à créer et à réhabiliter des infrastructures, à doper notre économie. Aujourd'hui, il a décidé de mettre l'accent sur le social pour que la croissance soit davantage ressentie par nos populations.
Vous savez le développement d'un pays ne s'opère pas par un coup de baguette magique. Nous revenons de loin. Moi, je pense plutôt que la soudaine flambée des revendications sociales ne doit pas porter un coup à l'économie nationale, à la bonne gestion du pays et aux performances économiques remarquables de ces huit dernières années sous la gouvernance du Président Alassane Ouattara qui a très vite effacé les dures réalités de la sortie de crise de 2010 et 2011.
Cela est certes vrai, mais encore faut-il observer un moment de patience pour conforter ces acquis.
Justement, l'autre sujet qui agite l'actualité c'est la grève dans nos écoles
La question de l'école préoccupe tout le monde. A l'université de Cocody, il y a des problèmes spécifiques. Des incidents graves se sont produits et des personnes ont été sanctionnées par les instances disciplinaires. Par la suite, il y a eu des conséquences judiciaires. Je note que personne ne veut s'attarder sur les faits graves qui ont entraîné toutes ces sanctions et mesures.
Au niveau du secondaire, les enseignants en grève doivent saisir cette main tendue du Gouvernement. Le Gouvernement a ouvert le dialogue avec les syndicats. Un matin, les enseignants disent comme il y a problème à l'université et que leurs homologues du syndicat du supérieur ont été mis aux arrêts, ils arrêtent aussi les discussions avec le Gouvernement. Voilà tout le problème.
Et tout semble aujourd'hui bloqué
Effectivement, c'est parce que tout semble bloqué que nous voulons invitons les syndicats à jouer balle à terre, à éviter d'engager ce qui ressemble à un bras de fer avec le Gouvernement. L'école est trop sérieuse pour qu'on recourt systématiquement à la grève dès qu'il y a un problème. Chaque année, notre école est secouée par des grèves et cela impacte les résultats scolaires de nos enfants.
Or, c'est l'avenir du pays, la formation des élites de demain qui est en jeu. Donc, la première victime de ces grèves c'est la Côte d'Ivoire.
Le Président Alassane Ouattara a fait énormément pour les enseignants, toutes catégories confondues. Des augmentations de salaires sans précédent, atteignant 47% au primaire, 21% au secondaire et 37% au supérieur. Rien que pour ça, je pense que les enseignants doivent se montrer reconnaissant et se considérer comme des privilégiés. Et quand bien même ils auraient des revendications légitimes à faire valoir, ils doivent éviter de recourir systématiquement à la grève. Le Gouvernement a déjà fait la preuve de son sens de l'écoute, il faut éviter de trop tirer sur la corde. Privilégions toujours le dialogue afin de parvenir à une solution aux problèmes.
Au niveau politique, d'aucuns expliquent que c'est la cassure du RHDP qui est à l'origine du malaise et des incertitudes qui pèsent sur le pays avant 2020
Je vais peut-être vous surprendre car, personnellement je ne partage pas votre avis. On ne peut pas parler de cassure en traitant de la question du RHDP. Le RHDP est une maison en construction, on ne peut pas casser ce qui n'était pas encore construit. Certes, les choses ne se sont pas passées comme beaucoup l'auraient souhaité mais, le RHDP est une réalité désormais, une force politique incontournable et même majeure. Et le RHDP est appelé à grandir davantage.
Nous sommes en politique et personne ne veut dévoiler ses stratégies trop tôt. Sinon nous, nous sommes tous sereins et vous verrez dans quelques mois quand nous allons nous déployer. C'est parce que nos adversaires ont peur qu'ils crient, menacent et gémissent à longueur de journée.
C'est tout de même prétentieux de dire que tout va bien au RHDP alors que le PDCI-RDA manque à l'appel ?
Le PDCI-RDA manque à l'appel vous dites ? Mais moi je viens de quel parti ?
Et toutes ces personnalités du PDCI-RDA que vous avez vues au congrès du 26 janvier 2019, vous croyez qu'elles ne représentent rien ? Non, soyons sérieux, le PDCI de Bédié tente d'exister, de survivre. Mais ce PDCI-RDA n'est plus le PDCI-RDA d'Houphouët-Boigny. Et tous ceux qui parlent le savent et c'est parce qu'ils le savent qu'ils se sont inscrits dans une stratégie de dénigrement et de diabolisation du RHDP.
On nous reproche d'exercer des pressions, de faire notre marché dans les autres partis en y débauchant des cadres et des élus. Cela me fait sourire, parce que, quand un cadre du RDR ou un élu du RDR abandonne le RHDP pour suivre Soro ou s'allier au PDCI-RDA, on parle de saignée au RDR. Mais, quand le mouvement inverse se produit, on parle d'achat de conscience. Il faut apprendre à être un peu sérieux de temps en temps. Ces derniers temps, vous avez vu combien de lettres de licenciement de cadres et de personnalités du PDCI-RDA qui ont été signées par M. Bédié ? Ce PDCI-RDA que gère M. Bédié est-il comparable au PDCI-RDA tel que le Président Houphouët-Boigny le lui a laissé ?
Un lion qui a perdu toutes ses dents mérite-t-il d'être encore appelé lion ? Le PDCI-RDA de M. Bédié, mérite-t-il encore de porter le nom « PDCI-RDA » ? Non, M. Bédié a tué le PDCI-RDA qu'Houphouët-Boigny lui a laissé. Et ce qu'il gère aujourd'hui c'est un peu comme le CNB (Cercle National Bédié), nouvelle formule.
Cela dit, le RHDP aurait pu être plus inclusif avec le Président Bédié et Guillaume Soro comme parties prenantes
Mais que pouvez-vous avec des gens qui refusent de s'inscrire dans une vision de rassemblement ?
Les gens se comportent parfois comme si on leur a posé un pistolet sur la tempe en leur disant d'aller au parti unifié. Ce n'est pas vrai. Vous avez été tous témoins de tous les efforts que le Président Alassane Ouattara a faits pour tenter de raisonner et de convaincre le Président Bédié, le persuader de ne pas abandonner le projet. Mais, contre cette main tendue, qu'est-ce que le Président Ouattara a récolté ? Des invectives, des attaques de toute part. Malgré tout, il n'a jamais cessé de tendre la main à son aîné. C'est pareil pour M. Guillaume Soro qui a clairement dit au Président Ouattara, à plusieurs reprises qu'il n'entendait pas militer au RHDP unifié et il a pris sa liberté.
Qui l'a obligé à faire quoi que ce soit pour faire aujourd'hui feu de tout bois en accusant le Président Ouattara de tous les maux lorsqu'il ouvre la bouche ?
La vérité nous la connaissons. Ce sont les ambitions personnelles des uns et des autres qui sont à l'origine du départ de M. Bédié et de M. Soro. Chacun d'entre eux avait son agenda caché.
Pourquoi le Président Ouattara n'a-t-il pas voulu, attendre après 2020 comme suggéré par le Président Bédié ?
Tout a été discuté et concerté dans le processus de mise en place du parti unifié. Rien n'a été imposé. Il s'est trouvé juste que la volonté politique et le courage ont manqué à un moment donné à certains. Le point d'achoppement avec le Président Bédié, ce n'est pas la question de la candidature d'un cadre du PDCI-RDA en 2020, mais plutôt le souhait de M. Bédié de se porter lui-même candidat.
Pouvez-vous être plus précis ?
Pour ceux qui ne le savent pas, le projet de plateforme du RHDP a commencé par Accra III, lors des discussions de la résolution de la crise ivoirienne. Nous avons vécu ces faits en tant que témoins oculaires. Le Président Alassane Ouattara est allé voir le Président Bédié pour lui demander en tant que leur aîné et dépositaire de l'héritage de réunir tous les enfants d'Houphouët-Boigny face au péril que la refondation de l'ex-président faisait courir au pays.
C'est cette démarche historique et courageuse du Président Alassane Ouattara qui est à l'origine de la création du RHDP aujourd'hui.
Comment envisagez-vous des élections paisibles en 2020 quand le climat politique est aussi tendu à plus d'un an de la présidentielle et que tous les sujets semblent diviser ?
Nous souhaitons que le débat politique se passe, mais dans un climat apaisé. Ce qui est regrettable c'est quand on voit des responsables politiques d'un certain niveau sombrer dans la délation, la diabolisation, l'exacerbation de la violence verbale et de la haine, l'intoxication à outrance.
J'ai parfois le sentiment qu'on s'amuse à vouloir se faire peur alors que tous, nous nous connaissons dans ce pays. Il faut arrêter ce vilain petit jeu qui consiste à diaboliser et à vilipender sans vergogne.
Le RHDP a-t-il peur de ses adversaires ?
Mais de qui ? Non, soyons sérieux ! Nous sommes sereins parce que nous sommes préparés à tous les cas de figure. Nous les interpellons pour ne pas qu'ils s'engouffrent dans des schémas compliqués pour eux-mêmes. Etre responsable nous impose d'agir en responsable.
Et le cas Soro, pose-t-il vraiment problème au RHDP ?
Non, point du tout. Je pense que c'est trop de discours, trop de bruit pour une démission. Personne n'a forcé M. Soro, qui reste un frère, à démissionner. Il a fait un choix, celui de ne plus faire partie du RHDP mais de se rapprocher de Bédié qui a rompu avec le RHDP. Les deux, je crois, veulent créer une nouvelle plateforme pour combattre le RHDP aux prochaines élections. A l'Assemblée Nationale même, il y a une redistribution des cartes en vue. De nouveaux groupes parlementaires sont en instance de formation. Au regard de tout cela, M. Soro ne pouvait plus diriger l'Assemblée Nationale, parce qu'il a rompu avec le RHDP qui est majoritaire à l'Assemblée Nationale.
Est-ce que vous voyez un député issu d'un groupe parlementaire minoritaire diriger la majorité ? Il ne faut pas réclamer le beurre et l'argent du beurre au Président Ouattara. C'est donc un problème de bon sens. Maintenant, il faut sortir des émotions et mener sa nouvelle vie de liberté avec dignité et responsabilité et non tenter vainement de faire croire que la cause de son malheur, ce sont les autres.
Car, le Président Ouattara n'a pas été ingrat envers M. Soro. Je voudrais préciser que quitter une fonction comme celle de président de l'Assemblée Nationale ne fait pas de vous un chômeur. Un ancien président de l'Assemblée Nationale n'a pas besoin de faire une quête de sacs de riz pour pouvoir se nourrir. Il faut préserver la dignité de la fonction qu'il a incarnée et arrêter cette plaisanterie de mauvais goût qui est en fait une insulte à la mémoire collective des Ivoiriens. Il y a des milliers de personnes dans nos villages et dans nos villes qui ont besoin de sacs de riz. Si M. Soro n'est plus président de l'Assemblée Nationale, il demeure tout de même député. Et à ce que je sache, un député a quand même de quoi s'acheter un sac de riz. Il faut faire preuve d'un peu de dignité, quelles que soient les circonstances. Sinon, les attaques contre le Président Ouattara, ce n'est pas ce que les Ivoiriens attendent de nous.
Ne pensez-vous pas que Bédié, Soro et les autres
constituent une menace pour Ouattara ?
C'est plutôt le Président Ouattara qui trouble leur sommeil.
L'autre source du désaccord politique, c'est l'idée d'un troisième mandat du Président Alassane Ouattara, qu'en pensez-vous ?
C'est un sujet qui me fait toujours sourire parce qu'il traduit tout simplement un manque de cohérence dans le discours de l'opposition. Car, si tant il est vrai que le Président Alassane Ouattara a été un mauvais président, qu'il n'a pas bien travaillé et que les Ivoiriens l'ont vomi, mais pourquoi ne pas applaudir des deux mains si c'est le candidat que le RHDP veut choisir pour affronter toutes les plateformes de l'opposition réunies ? L'opposition devrait se dire c'est le candidat idéal pour nous, laissons-le se présenter, on le bât et on passe à autre chose.
Or, si cette opposition remue ciel et terre contre une candidature qui est tout à fait légale, c'est qu'elle reconnait implicitement que le Chef de l'État a fait du bon travail et qu'il sera difficile de le battre parce qu'il a un bilan que personne ne peut contester. Depuis la mort du Président Houphouët-Boigny, aucun président n'a fait mieux que le Président Alassane Ouattara. Et ça c'est tangible et vérifiable.
Mais, je voudrais rappeler qu'au stade où nous sommes, le Président Alassane Ouattara n'a pas dit qu'il est candidat ou qu'il ne le sera pas. Il a réservé sa réponse pour 2020. Et nous sommes d'accord avec lui. Quoiqu'il en soit, nous sommes prêts, au RHDP, à suivre toutes les orientations que le Président Ouattara va nous indiquer, dans le cadre de la discipline du parti. A bon entendeur, salut !

auteur : KOBENAN KOUASSI ADJOUMANI Porte-parole Principal d

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