Laurent Gbagbo a-t-il refusé la main-tendue d'Henri Konan Bédié pour la formation d'une nouvelle plate-forme de l'opposition ivoirienne? C'est plus qu'une évidence de le dire. A en juger par les dernières instructions données par l'ex-président ivoirien, depuis sa cellule de la Haye, à la direction du Front populaire ivoirien (Fpi), son parti.

L'ex-chef de l'Etat, qui comparait, depuis 3 ans, devant la Cour pénale internationale (Cpi) vient d'instruire ses partisans, par le Secrétaire général de son parti, Assoa Adou, de se s'engager avec les partis de la gauche, dans le cadre d'une éventuelle plate-forme de l'opposition, pour se renforcer. Laurent Gbagbo a pris cette décision, après une profonde analyse de la situation socio-politique, pour, selon son porte-parole, prévenir toute forme d'instabilité auquel le pays est exposé et mettre fin à la souffrance du peuple de Côte d'Ivoire. Un peuple, souligne-t-il, qui a soif de la « réconciliation vraie et sincère ». « Le président Laurent Gbagbo, président du Front Populaire Ivoirien, a instruit l'ensemble de la direction du Parti à aller vers les partis politiques de gauche pour se renforcer et s'approprier d'avantage la problématique de la Réconciliation nationale, gage de la stabilité et d'une paix durable en Côte d'Ivoire », rapporté l'ancien ministre, Assoa Adou.

Il est vrai, la déclaration du Secrétaire général de la direction du Fpi mise en place par feu Abou Drahamane Sangaré, mentionne les consignes données par l'ex-chef de l'Etat à ses partisans à entreprendre, sans délai, toutes les initiatives nécessaires en vue de la promotion et de la mise en oeuvre effective de la Réconciliation Nationale et de la cohésion sociale. A propos, Laurent Gbagbo, indique son émissaire, met son parti en mission auprès de tous les acteurs de la vie politique et de la société civile, sans exception, en vue d'une grande mobilisation pour construire ensembles les bases de la vraie réconciliation entre les filles et les fils de la Côte d'Ivoire. Cette ouverture n'enlève rien à la conclusion du message de l'ex-président ivoirien qui a ouvertement opté pour la gauche dont le Fpi est une figure de proue. Pour une éventuelle plate-forme de l'opposition ivoirienne, Laurent Gbagbo a préféré engager ses partisans vers ses camarades de la gauche. Un choix qui va, à n'en point douter, effaroucher quelque peu les dirigeants du Pdci-Rda.

Le président du parti septuagénaire, Henri Konan Bédié, n'a jamais caché son intention de contracter une nouvelle alliance avec d'autres partis de l'opposition, y compris avec le Fpi de Laurent Gbagbo, dont il demande la libération. « Je l'ai informé de ce que nous étions en train de mettre en place une nouvelle plate-forme, et il m'a donné son accord pour contacter le Fpi », révélait M. Bédié, à propos de sa démarche avec Laurent Gbagbo pour la création d'une plate-forme de l'opposition, lors d'une interview exclusive, le 14 décembre dernier, avec le confrère, France 24.

Laurent Gbagbo n'aurait-il pas vu d'intérêt à marcher avec le Pdci-Rda, l'autre figure de proue du Rassemblement des houphouëtistes, ses farouches adversaires d'hier, qui l'ont fait chuter du pouvoir et incarcérer à la Haye ? En revanche, l'ex-président ivoirien serait-il prêt à s'allier à son ex-Premier ministre, Guillaume Soro, qui fait partie de la grande famille des socialistes ? Pour le moment, on pourrait dire que son option est un clin d'oeil à l'ex-tenant de l'ex-rébellion, qui fut son disciple dans les moments de gloire de la fédération estudiantine de Côte d'Ivoire dont Guillaume Soro aura été l'un des leaders les plus charismatiques.