L'adversité entre le Pdci-Rda et ses ex-alliés du parti unifié Rhdp pourrait virer au retrait du parti de Bédié des prochaines élections locales comme cela se murmure déjà au sein de la formation septuagénaire.

Le ton demeure tendu dans le débat politique sur l'échiquier politique ivoirien. Le bal reste mené par les alliés d'hier devenus les pires adversaires du moment, à savoir le Pdci-Rda d'Henri Konan Bédié et ce qui reste de l'ex-coalition au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) transformé en parti unifié sous la direction du président de la République, Alassane Ouattara.

Après les profondes divergences qui ont valu à ces deux grands alliés de se séparer, les prochaines élections municipales pourraient la prochaine grosse victime de leur désamour. A moins d'un mois de ce scrutin, les choses pourraient virer autrement. L'on pourrait assister dans les jours à venir à la sortie du Pdci-Rda de ces joutes électorales. Le parti de Bédié n'est pas loin d'annoncer son retrait de ces élections et de rejoindre l'opposition qui se prépare à empêcher par un boycott actif le rendez-vous du 13 octobre 2018.

L'idée fait son chemin. Elle se murmure au sein de la direction du parti septuagénaire. Certains n'hésitent même pas à la porter sur la place publique. A l'image des leaders de jeunesses du Pdci, qui ont rallié leurs camarades du Front populaire version Abou Drahamane Sangaré, pour co-animer un meeting, en prélude aux actions d'éclat qu'ils comptent mener ensemble pour faire barrage à la tenue des prochaines régionales et municipales cumulées.

Absent du pays, le retour du chef de Maurice Kakou Guikahué, chef du Secrétariat exécutif du "vieux'' parti, qui suit de loin tout ce qui se passe sur place, pourrait être annonciateur de décisions graves. Selon un haut dignitaire de cette formation politique, les arguments ne manquent pas pour que le Pdci affiche déjà sa position en faveur d'un boycott des prochaines élections locales. Le flou que pourrait semer l'usage de son logo sur celui du Rhdp unifié, la réforme de la Commission électorale indépendante avant les élections qu'il réclame, sont déjà des éléments suffisants pour se retirer du processus en cours. Mais, le "vieux'' parti, poursuit notre source, un membre de la haute direction, se retient encore pour réunir de nouveaux éléments avant d'afficher sa position finale. Il s'agit, notamment de l'invalidation éventuelle de la candidature de certains de ses cadres qu'il dit « harcelés » par le pouvoir. « Il faut les laisser jouer toutes leurs cartes avant de réagir. Après Bendjo, on entend dire que certains maires vont être aussi retirés des listes déjà retenues par la Cei. On attend de voir çà aussi, et la suite, l'opinion jugera », prévient notre source, pour qui les jours et semaines à venir s'annoncent déterminantes, voire palpitante sur la scène politique ivoirienne.

Cette semaine, en effet, réserve de grosses surprises quant à la suite effectivement des procédures en cours contre des élus dont la gestion a fait l'objet d'audit des inspecteurs de l'Etat. Le vendredi dernier, le procureur de la République, Richard Adou, face à la presse, a rendu publique ces procédures en cours contre une quinzaine de hauts cadres du pays, dont des élus, dont le cas a été soumis à la justice par la Haute Autorité de la Bonne Gouvernance. Nul doute que des décisions vont tomber cette semaines qui pourraient impacter le cours du processus entamé avec ce que cela est susceptible d'engendrer comme suite dans le débat politique ivoirien déjà animé.