Les candidats indépendants aux législatives 2016, issus des partis membres du RHDP, la coalition au pouvoir en Côte d'Ivoire, ou leurs partisans sont invités à abandonner leurs ambitions. Leur retrait de la course est souhaité. Exigé même. Mais pas pour tous.

Ils ne seraient pas tous logés à la même enseigne. Certains candidats indépendants issus du camp présidentiel en lice pour les législatives du 18 décembre prochain bénéficieraient d'une protection. Au sein de la coalition, des voix ne se cachent pas pour le dénoncer.

« Il y a les uns et les autres. C'est du deux poids, deux mesures qu'on voit au RHDP. D'abord pour une simple incompréhension, on démet des ministres. Alors que sur la base du manque de consensus, ils ont eu le courage de dire qu'ils préfèrent aller sous la bannière de leurs partis respectifs et mettre les députés à la disposition du RHDP une fois élus. Ensuite, au sein des partis PDCI et RDR même, les sanctions des indépendants sont taillées à la mesure, à la tête des individus. Certains ne sont pas inquiétés alors que d'autres qui apparemment n'ont pas de parrains, sont sanctionnés et menacés de limogeage », se désole Alexandre Tia, le secrétaire général adjoint de la jeunesse de l'UDPCI de Mabri Toikeusse, joint par Politikafrique.info.

Mabri Toikeusse et Gnamien Konan, ministres-présidents de partis membres de la coalition au pouvoir ont été limogés du gouvernement le 25 novembre dernier. Leurs partis ayant décidé de ne pas suivre les candidats du RHDP.

Les critiques n'épargnent pas le PDCI-RDA. Au sein du vieux parti, des indiscrétions s'expliquent difficilement le maintien de certaines candidatures indépendantes. Notamment celle d'Akoto Olivier contre Gnamien N'Goran du PDCI représentant le RHDP, à Daoukro, la ville natale d'Henri Konan Bédié, le président de ce parti. « Le président Bédié est notre père à tous. Tout ce qu'on peut faire pour l'honorer, on le fait. Ma candidature est pour honorer le président Bédié parce qu'au regard de ce que je constate à Daoukro, j'estime qu'il faut que je maintienne cette candidature pour donner espoir à la population de cette localité », réagit à Politikafrique.info Akoto Olivier qui est par ailleurs secrétaire général de la section 3 du PDCI-RDA de Daoukro dont sont membres le président Henri Konan et Innocent Yao de JPDCI-rurale.

Des observateurs de la politique nationale ne manquent pas non plus d'évoquer le sujet des indépendants sur les réseaux sociaux. Mais avec l'accent mis sur le RDR. « Législatives 2016 : deux poids deux mesures au RDR face aux indépendants », indique le post d'un internaute dans le groupe de discussions « Forum démocratique et social » sur Facebook. Selon son auteur, dans le camp présidentiel, des personnalités sont épargnées par les pressions et sanctions.
« Pour être fidèle à sa logique et par souci d'équité, le couple présidentiel devrait également limoger des personnalités et non des moindres pour les mêmes raisons. À savoir Mme Nadine Mélanie Gnéba (Directrice des Ressources Humaines à la Présidence de la République) et Mme Yao née Koko Patricia Sylvie (Directrice de Cabinet de la Première Dame). La première est candidate indépendante dans la circonscription électorale de Lauzoua et Yocoboué communes et sous-préfectures contre le candidat RHDP Beugré Lobognon Samuel, quand la deuxième est candidate indépendante dans la circonscription de Dairo-Didizo et Guitry communes et sous-préfectures contre le candidat RHDP Francis Desclercs. Et ce n'est pas tout. Dans la circonscription de Napié commune et sous-préfecture, L'opérateur économique Souleymane Silué dit Souleymane Zougouzou, un très proche du ministre d'État Amadou Gon Coulibaly ne subit aucune pression de la part de son puissant parrain en vue d'un retrait contre le candidat RHDP Augustin Kagnon Silué », lit-on dans le post.

Le RHDP est secoué dernièrement par de nombreuses candidatures indépendantes issues de ses rangs dans la course aux 255 sièges du parlement. Il est reproché en interne à son directoire d'avoir fait des choix qui ne sont pas ceux de la base. Des sanctions sont brandies par ses responsables contre les plus de 600 candidats indépendants afin de les contraindre à renoncer à leurs ambitions.