Décryptage - Gabon : pourquoi le cas Ali Bongo fait peur

  • publiè le : 2016-09-26 20:40:45
  • tags : décryptage - gabon - pourquoi - bongo - actualités - international - presse nationale
Décryptage - Gabon : pourquoi le cas Ali Bongo fait peur

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

Peut-on vraiment dire que les dés sont définitivement jetés au Gabon , et qu'il est temps de passer à autre chose ? Les choses sont-elles vraiment aussi simples que cela.



Ce qui dérange dans ce qui s'est passé , ou se passe au Gabon , c'est le passé d'une part et d'autre part l'avenir des élections en Afrique.

Le passé c'est que depuis l'épisode douloureux de la crise ivoirienne , l'Afrique avait réussi à sortir du cap des élections très contestées à travers les scrutins du Mali, du Togo, du Burkina , du Niger , du Nigeria , du Tchad , du Benin et même du Congo.

L'ampleur ou le niveau d'anomalie ou de contestation de ces élections , n'avait pas réussi à entacher leur régularité et leur crédibilité , étant bien entendu qu'elle ne peuvent être absolument parfaites , comme aucune oeuvre humaine.

L'expérience actuelle au Gabon semble remettre en cause les avancées réalisées sur le continent depuis plusieurs années.

Cela pose problème pour l'avenir , pour les élections à venir avec des observateurs qui ont peur en se posant des questions de ce genre : et si Goodluck Jonathan avait refusé de reconnaître sa défaite , et si Lionnel Zinsou contestait sa défaite et les résultats au Bénin , et si , et si ils avaient eux aussi tenté de faire 100% chez eux ...?

L'inquiétude est de voir que les dirigeants au pouvoir soient à nouveau tentés de s'inspirer d'Ali Bongo pour manipuler plus ou moins les hommes et les instituons en vue de dévoyer le suffrage exprimé par le peuple.

Toutefois face à cette situation , il n'y a pas de fatalité de la violence.

Le changement et l'alternance restent possibles sans trop de pertes en vies humaines.

La balle est désormais dans le camp du peuple gabonais.

De toutes les façons il est , de plus en plus , établi que les institutions , la police , l'armée et tous les autres artifices ne peuvent durablement s'imposer à un peuple lorsque celui-ci ne se reconnaît en aucune façon dans les dirigeants.

Il est clair que ce ne sont pas essentiellement les cargos de police et de l'armée dans les rues ou devant les domiciles des leaders de l'opposition , que ce ne sont pas les arrestations ou l'emprisonnement d'acteurs politiques qui permettront à Ali Bongo de rester au pouvoir durant les sept prochaines années.

Les peuples ayant les dirigeants qu'ils acceptent ( même s'ils ne les méritent pas tout à fait ) , c'est à ceux qui estiment n'avoir pas élu Ali Bongo , de se donner les ressorts psychologiques , et les moyens pacifiques de venir à bout des frustrations accumulées.

Sous cet angle , la décision de la Cour constitutionnelle ne met pas du tout fin à la crise ; elle ouvre plutôt la voie à un autre chapitre dans cette bataille .

Cet autre chapitre est parti pour durer sept ans : un grand défi à tenir pour Ali Bongo qui doit faire face aux doutes et aux craintes

Alors que le pays a besoin de paix , de tranquillité et de stabilité durable , il faudra compter sur des pressions permanentes "pacifique" de l'opposition pour pourrir le mandat du chef de l'état gabonais.

Alors qu'il sort d'un mandat de sept ans déjà contesté et sans repos , Ali Bongo va encore vivre et subir sept autres années sous tension.

Quels progrès et quels développements peut-on réaliser dans ces conditions ? Le pouvoir ne s'exerce pas en dehors d'une situation d'harmonie et de cohésion .

Les opérateurs économiques et les bailleurs de fonds n'aiment pas les situations de tension et d'alerte.

En maintenant la pression au lendemain de la proclamation de la cour constitutionnelle , en dénonçant un déni de démocratie , en assurant que les choses ne resteront pas comme en 2009 , sans toutefois céder à l'émotion , ni à la tentation de l'action immédiate ou violente , Jean Ping s'inscrit dans une bataille pour la durée.

Le dispositif actuel de sécurité dans le pays finira bien par être allégé , pour que la vie reprenne son cours normal , pour que les uns et les autres se mettent au travail.

Les mesures d'exception ou qui y ressemblent devront bien faire place , à la normalité , au dialogue peut-être , sans que jamais l'opposition renonce à ses certitudes et prétentions.

Autant de situations de pressions , d'inquiétude et de pression qu'Ali Bongo aurait pu s'éviter , et qu'il aurait pu éviter à son pays après l'épisode de 2009.



source : Afrikipresse.fr    |    auteur : Charles Kouassi

A voir egalement

Publicité
Publicité