Bénin: Plusieurs maires destitués pour mauvaise gestion

  • publiè le : 2016-09-24 21:05:03
  • tags : bénin: - plusieurs - maires - destitués - mauvaise - gestion - actualités
Bénin: Plusieurs maires destitués pour mauvaise gestion
Une vague d'éviction des maires a cours au Bénin au point d'inquiéter l'opinion politique béninoise surtout l'opposition qui y voit des manoeuvres souterraines du pouvoir en place. En effet, ces destitutions sont survenues depuis l'élection du président Patrice Talon.
Après les communes de Malanville, Djougou, Djidja, Allada et Zakpota, où les conseillers municipaux ont évincé par vote leurs maires, c'est au tour de la ville de Parakou, troisième ville du pays, de voir son édile évincé par son conseil municipal pour "mauvaise gestion".

Vingt des 25 conseillers ont ainsi approuvé la destitution de Karimou Adamou Souradjou à la tête de la municipalité de Parakou en début de semaine. Un vote sanction qui a pour objectif premier de dénoncer, selon les conseillers municipaux, « une gestion opaque caractérisée par des contrats de marchés sans aucun respect des normes du code de passation des marchés publics » et une « navigation sans boussole » de la politique municipale.

Pour certains analystes, ce fait est simplement dû à la nouvelle configuration politique et aux rapports de force en présence surtout depuis l'arrivée au pouvoir en avril dernier de Patrice Talon. Selon Franck Kinnivo, politologue et consultant en gouvernance, le consensus au sein des conseillers qui ont élu ces maires lors des dernières municipales de 2015 « n'était pas forcément naturel ».« Les maires ont été choisis simplement parce qu'ils étaient l'homme d'un ministre fort ou d'un président fort (...) mais aujourd'hui, d'autres sont devenus les hommes du président », explique-t-il à l'Afp. « Les rapports de force ont changé », poursuit-il.

Selon Gilles Yabi, directeur du think-tank Wathi et spécialiste des affaires politiques pour l'Afrique de l'Ouest, le Bénin compte plus de 20 partis politiques, ce qui crée une « déliquescence des partis politiques ».« Dès lors qu'il n'y a pas de ligne politique claire des partis, et qu'ils sont très personnalisés, il n'y a rien d'étonnant à ce que des conseillers communaux d'un parti votent contre un maire issu du même parti et qu'ils ont soutenu un certain temps », analyse-t-il.

Même si M. Yabi rappelle que « ces destitutions semblent respecter la forme prescrite par la loi » et que la vie démocratique de ce pays est régulièrement cité en exemple dans la région, le politologue note qu'il n'y a « malheureusement pas de recette miracle pour (...) fixer des limites à des manipulations qui n'ont rien à voir avec l'intérêt général. » Certains analystes se veulent plus incisifs. C'est le cas de l'éditorialiste Worou Boro qui, dans le quotidien local « le Matin Libre », parle de « soubassements dans une politique de règlement de compte systématique ». Selon lui, le maire de Parakou, qui est passé dans l'opposition depuis l'élection de Patrice Talon, a commis un « crime de lèse-majesté » en accueillant l'ex-président Boni Yayi, en visite dans sa région.

Au Bénin, pays peuplé de 10 millions d'habitants, cette vague de remplacements des maires inquiète. Début septembre, le président de l'Association des communes du Bénin (Ancb), Luc Atropko, avait appelé les conseils municipaux des 77 communes du pays à « calmer les esprits au sein des conseils municipaux », affirmant que ces renvois pourraient menacer les efforts de décentralisation du pouvoir dans le pays. Depuis l'élection de Patrice Talon, de nombreux conseillers municipaux ont commencé à remettre en cause l'autorité des maires dans les 77 communes du Bénin, fait-il observer.

Faut-il le souligner,jusqu'aux premières élections municipales du pays, les préfets, nommés par le gouvernement de Porto-Novo, avaient le contrôle sur les différents départements du pays. Désormais, la commune est dotée d'une large autonomie, notamment financière, et d'une personnalité juridique, et les conseillers municipaux, élus au suffrage universel, désignent directement leur maire. Ce qui pourrait aiguiser les appetits des uns et des autres dans la course au pouvoir.

source : AFP

A voir egalement

Publicité
Publicité