Carburants toxiques : quatre pays d'Afrique de l'Ouest s'engagent à faire le ménage

  • publiè le : 2016-12-03 14:35:40
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Carburants toxiques : quatre pays d'Afrique de l'Ouest s'engagent à faire le ménage
Le Nigeria, le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Togo, réunis àAbuja jeudi sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement(PNUE), ont annoncé leur intention de limiter drastiquement la teneur en soufreautorisée dans le diesel, et ce à compter de juillet 2017. Des engagementsvolontaires qui interviennent trois mois après la publication du rapport"Dirty Diesel" par l'ONG Public Eye et qui doivent encore être suivisde faits.
Les engagements politiques pris imposent une limite de 50ppm (parties par million) bien inférieure aux plafonds actuellement en vigueur.
La réunion est intervenue en présence de l'International Councilon Clean Transportation, organisation américaine à l'origine du scandale surles émissions de Volkswagen, la compagnie pétrolière Nigeria NationalPetroleum Corporation (NNPC), l'African Refiners Association (ARA), ainsi quedes représentants de la CEDEAO.
Le Ghana, qui était représenté lors de la réunion, « adécidé récemment d'abaisser à 50 ppm, contre 3 000 ppm actuellement, le plafondde concentration de sulfure inclus dans les carburants distribués sur son sol.Et avant lui, la Communauté d'Afrique de l'Est avait fait de même dès 2015. Lespays réunis à Abuja ont voulu prendre des engagements similaires »,analyse Gian-Valentino Viredaz, spécialiste des Recherches en matièrespremière au sein de l'ONG Public Eye.
« Dirty Diesel »
C'est cette dernière qui avait mis le feu aux poudresavec la publication en septembre du rapport « Dirty Diesel ».
L'ONG, anciennement nommée « La Déclaration de Berne », avaitenquêté durant trois ans dans huit pays africains (dont la Côte d'Ivoire, leMali, le Congo-Brazzaville, et le Sénégal). Elle avait conclu que la pollutionobservée dans les mégapoles du continent en grande partie liée à la forteteneur en sulfure dans le gazole et l'essence commercialisés par les traders %u2013dont Vitol, Trafigura, Addax & Oryx Group (AOG) et Lynx Energy %u2013 quidominent le marché africain à travers leurs filiales de distribution decarburant.
En récupérant à la pompe différents carburants vendus dans leshuit pays couverts par les traders suisses, et analysés par un laboratoireindépendant, Public Eye a mis en évidence dans les deux tiers des gasoilsafricains testés une teneur en sulfure au moins 150 fois plus élevée (1 500parties par million [ppm]) que la limite autorisée en Europe (10 ppm),concentration très dommageable pour la qualité de l'air et pour la santé deshabitants.
L'essence également en cause
Le tableau n'était guère plus réjouissant pour l'essence, avecenviron la moitié des échantillons testés présentant une teneur en sulfureéquivalente à 15 à 72 fois la limite européenne. Public Eye n'avait toutefoispas testé les carburants d'autres grands distributeurs non-suisses, enparticuliers ceux de Total, le leader sur le continent avec environ 20% desvolumes écoulés.
Les plafonds de concentration de sulfure dans les carburantsautorisés sont actuellement de 3 000 ppm au Nigeria et au Bénin, de 3 500 ppmen Côte d'Ivoire et 10 000 ppm au Togo.
Si elle entre en vigueur, la réduction de la concentrationserait donc drastique. « Toute la question est de savoir si elle seraappliquée. Hier, les experts du PNUE étaient satisfaits du résultat, forts deleur expérience en Afrique de l'est où l'évolution des législations est d'abordpassée par des engagements volontaires », anticipe Gian-ValentinoViredaz.
source : Jeune Afrique    |    auteur : Benjamin Polle

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