L'enseignant et syndicaliste Ghislain Assy Dugarry, arrêté dans la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 avril 2025, a été placé sous mandat de dépôt après son audition par le procureur d'Abidjan.
Il est accusé par le ministère public de « coalition d'agents publics et d'entrave au fonctionnement des services publics ». Conformément à la procédure habituelle, il devrait être conduit dans les prochaines heures au pôle pénitentiaire d'Abidjan (ex-MACA), en attendant son passage devant le tribunal correctionnel. Selon son avocat, le procureur de la République dispose d'un délai de 15 jours pour le juger.
Une arrestation controversée
Membre actif du syndicat des enseignants de Côte d'Ivoire, actuellement en grève pour réclamer le paiement de la prime d'incitation, Ghislain Assy Dugarry a été interpellé de manière musclée à son domicile, la veille du début du mouvement de protestation. Cette arrestation, jugée arbitraire par ses proches et plusieurs défenseurs des libertés publiques, relance le débat sur le respect des droits fondamentaux en Côte d'Ivoire.
Selon des proches du syndicaliste, les forces de l'ordre, pour certains encagoulés ont fait irruption au domicile de l'enseignant « en pleine nuit » sans « mandat d'arrêt », « exigeant l'ouverture de la porte sous la menace ». Face au refus de sa compagne, la porte aurait été défoncée, et les agents auraient forcé l'entrée de sa chambre pour l'interpeller. Aucune information n'avait, avant son audition, été révélé sur sa détention à ses proches.
Une répression ciblée contre les syndicalistes et les activistes ?
Cette interpellation s'inscrit dans un climat de tension sociale grandissante en Côte d'Ivoire. Les syndicalistes et activistes sont de plus en plus surveillés par les autorités, et les contestations dans le secteur de l'éducation ne sont pas épargnés.
L'arrestation de Ghislain Assy Dugarry, faut-il le souligner, s'ajoute à une série d'interpellations controversées, laissant craindre un durcissement des mesures répressives à l'encontre des voix dissidentes
De nombreux observateurs dénoncent une volonté de museler la contestation syndicale en criminalisant les revendications professionnelles et en dissuadant toute mobilisation future.
Il y a quelque mois, Charles Rodel Dosso, cadre du parti de Laurent Gbagbo et son fils, avaient été interpellés dans des conditions similaires pour avoir pris part à une marche de contestation contre la cherté de la vie. En décembre 2024, Galo Kolébi, activiste avait été également arrêté en pareil circonstance, inculpé puis jeté en prison au pôle pénitencier d'Abidjan, ex maison d'arrêt et de correction d'Abidjan.
source : abidjantv.net