Côte d'Ivoire Présidentielle 2015: vers une élection déjà gagnée ?

  • publiè le : 2013-02-13 22:03:01
  • tags : soro guillaume - président - de l'assemblée nationale de - côte d'ivoire - actualités - politique
Côte d'Ivoire Présidentielle 2015: vers une élection déjà gagnée ?
Sauf décision politique contraire, c'est en fin d'année 2015 que la Côte d'Ivoire connaîtra sa prochaine élection présidentielle, selon la Constitution ivoirienne qui limite le mandat présidentiel à cinq ans.
Mais, à moins de trois années de ces joutes électorales, les confidences faites par Soro Guillaume, dernièrement, engendrent des préoccupations chez la population et les adversaires de Ouattara. Car elles font planer le doute sur la crédibilité de ce scrutin dont le vainqueur doit être celui que soutient le Président de l'Assemblée. En effet, dans une interview qu'il a accordée le lundi 21 janvier 2013 à son service de communication et qui a été relayée par la presse nationale, l'actuel Président de l'Assemblée nationale, Soro Guillaume, n'a pas caché ses intentions concernant la présidentielle 2015.
« Il ne peut y avoir de guerre de succession, puisque je l'ai déjà dit dans une interview à Jeune Afrique en mars 2012, je n'ai d'autre ambition que de travailler à la réélection du Président Alassane Ouattara, dès le premier tour », a déclaré le chef du parlement ivoirien. Par cette réponse, il voulait montrer qu'il n'y a aucun leadership au sommet de l'Etat, entre lui et le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko, relativement à la succession au Président Alassane Ouattara. Pour être plus précis, le Président de l'Assemblée nationale a décliné son agenda secret qui contient deux points essentiels : « Le rayonnement de l'Assemblée nationale et la réélection du Président Ouattara au premier tour ».
Une volonté qui suscite chez le citoyen lambda des interrogations. D'autant qu'elle ne vient pas d'un quelconque militant, mais du numéro 2 de la République, détenteur du pouvoir législatif. Quant on considère cette opinion selon laquelle il est impossible à un régime au pouvoir de perdre des élections dont il est lui-même l'organisateur, ces dires de Soro Guillaume peut laisser croire qu'il se trame de bien de choses dans les officines des Forces Nouvelles dont il est le Secrétaire général, pour donner au chef de l'Etat un second mandat.
Car il ne suffit pas de vouloir by Text-Enhance''>gagner pour que la victoire soit acquise. Il faut joindre l'acte à la volonté, à travers le vote. N'est-ce pas pour cette raison que les militants des partis actuellement au pouvoir et une partie de la Communauté internationale n'ont pas ont rejeté les accusations de vol soulevées par le FPI et Laurent Gbagbo, au deuxième tour de la présidentielle de 2010 qu'ils ont eux-mêmes organisées.
« Qui voyage loin ménage sa monture »
Pour gagner une élection, de surcroît au premier tour, il faut remporter plus de la moitié des suffrages exprimés. Cela nécessite donc la mise en place de stratégies bien peaufinées. Et si la volonté de celui qui fut le tout premier Premier ministre de Ouattara est que le chef de l'Etat se succède à lui-même, nul doute qu'il sait quoi faire et qu'il va s'employer à le réaliser. Eu égard à la détermination avec laquelle il s'est battu pour que le pouvoir soit rendu à Ouattara, lors de la crise post-électorale. Que fera donc le chef des députés pour atteindre cet objectif, à défaut d'un consensus national pacifique ?
Les politiciens ont prouvé ce dont ils sont capables pour atteindre leurs objectifs. En la matière, Soro Guillaume n'a jamais cessé de dire que la rébellion de 2002 contre Laurent Gbagbo, dont il incarnait l'aile politique, était « légitime ». Malgré les morts et exactions pour lesquelles la Cour pénale internationale a entrepris des enquêtes. Loin de présager qu'il est capable de recourir à des pratiques anti-démocratiques qui ont cours pendant les élections, cependant rien ne dit qu'il s'en éloignerait. Mais s'il le voulait, plusieurs choix s'offrent à lui, tels que le tripatouillage de la Constitution, la fraude électorale et bien d'autres moyens.
Le tripatouillage de la Constitution est un moyen dont se servent les politiques, notamment les chefs d'Etat au pouvoir, pour le garder leur fauteuil. Alors question : Soro Guillaume, pour qui la mission première est de travailler « au rayonnement de l'Assemblée nationale », acceptera t-il de laisser tripatouiller la Constitution dans le but de placer Alassane Ouattara en pôle position par rapport à ses adversaires ? Bien malin qui peut le deviner. Mais à en croire certains analystes, le Président ivoirien est bien capable de soumettre la Constitution à amendement, en vue de se maintenir. Etant donné qu'il a plusieurs fois fait entorse à la loi nationale et que son parti, le Rassemblement des Républicains (RDR), est majoritaire à l'hémicycle. Aussi, au vu de ce qui s'est passé dans ce pays en 2000 et même ailleurs où des candidatures ont été invalidées à partir de certaines lois taillées sur mesure, on pourrait accorder du crédit à ces suppositions. Car, comme on le dit : « on ne change pas les méthodes qui marchent ».
La fraude électorale qui consiste à bourrer les urnes ou à invalider des voix n'est pas nouvelle dans le paysage électoral, en Afrique et même hors du continent. On peut citer l'exemple de la Russie lors de l'élection de Poutine et de la France en ce qui concerne les élections à la présidence de l'UMP. Elle est un moyen dont se servent les candidats pour supplanter leurs adversaires. Pour certains avertis, sans doute que si besoin est, cette voie sera explorée par le politique pour parvenir à ses fins.
Et bien huiler la machine, dans les méandres de la coalition au pouvoir, on évoque une volonté manifeste du pouvoir de s'offrir le bétail électoral que constituent les étrangers vivant en Côte d'Ivoire. Il se susurre que le RDR veut s'accaparer ce contingent pour se mettre à l'abri du danger au cas où, ne sait-on jamais, l'alliance du Rassemblement des Houphouëtistes pour le Développement et la Paix (RHDP) se brisait.
Dans cette optique, un cadre issu de cette coalition a affirmé que le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko, organisateur de ces élections, et son collègue de la justice, Coulibaly Gnénéma, ont lancé une politique de délivrance d'extraits de naissance et de la nationalité ivoirienne à de milliers d'étrangers. Ce qui explique, a indiqué notre source, la naturalisation de plusieurs ressortissants étrangers ces derniers mois. Selon lui, ce n'est que le début d'un processus qui atteindra sa vitesse de croisière après les élections municipales que le RDR entend rafler. Car à partir de là, les maires RDR pourront aisément délivrer des actes de naissances aux demandeurs étrangers.
L'autre option que redoutent les observateurs est l'intimidation par le moyen des armes. Ce n'est un secret pour personne que dans ce pays, le non désarmement aidant, les armes ont été utilisées comme moyen de dissuasion, tant lors des présidentielles de 2010 qu'aux législatives de 2011, pour empêcher des électeurs de voter. Et aujourd'hui beaucoup d'Ivoiriens n'osent pas s'exprimer par crainte de ces armes. C'est pourquoi, avant toute participation aux élections locales prochaines, les partis de l'opposition ont inscrit « la sécurité des élections et du territoire national » au nombre de leurs conditions au gouvernement.
Péril à la demeure
Qu'adviendrait-il si, au soir du premier tour du scrutin de 2015, le rêve du Président de l'Assemblée nationale ne se réalisait pas? Et que malgré tous ses efforts, le Président Ouattara était battu par ses adversaires à travers une éventuelle alliance des opposants, comme ce fut le cas pour lui-même face à Laurent Gbagbo ou de Wade face à Macky Sall. La Côte d'Ivoire connaitrait-elle à nouveau une crise post-électorale, comme celle de 2010 ? Ce qui ne peut arriver, nous l'espérons.
Car à moins d'être inconscient ou d'avoir un coeur de pierre, on ne peut pas se livrer à la même galère que le régime déchu des refondateurs et causer encore d'autres morts. Surtout quand on est celui-là qui a combattu ce régime et livré à la Cour Pénale Internationale (Cpi) son chef Laurent Gbagbo. Les projecteurs de la CPI étant braqués sur la Côte d'Ivoire, personne ne voudrait être accusé et recherché pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité,par cette haute instance de justice. Ayant tous montré qu'ils ont une peur bleue de la CPI, qui déjà aurait sur sa liste des noms de personnalités venant du camp Ouattara.
Dans tous les cas, les dés sont lancés et le mal qu'on puisse souhaiter à la côte d'Ivoire est que la volonté individuelle des uns et des autres n'ait pas raison de la volonté commune qui sera exprimée dans les urnes.
César DJEDJE MEL

source
Linfodrome

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