Procès de la crise post-électorale: Mangou, Kassaraté et Guiai Bi Poin réclamés à la barre

  • publiè le : 2015-04-22 05:44:51
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Procès de la crise post-électorale: Mangou, Kassaraté et Guiai Bi Poin réclamés à la barre
« Que tous ceux qui ont eu à intervenir au niveau de la chaîne militaire de commandement, puissent apporter des éléments d'éclairages. Tout le monde, surtout les hauts gradés de l'armée. Ce point de vue a été partagé par les différents acteurs des Droits de l'homme en Côte d'Ivoire.
A l'occasion de la rentrée solennelle du Mouvement Ivoirien des Droits Humains (Midh) qui s'est tenu le jeudi 16 avril, le chef de la Division des droits de l'Homme de l'ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire), M. Eugène Nindorera, a fait des révélations lors de sa prise de parole.
«J'ai été à la Maca, et il y a des prisonniers qui m'ont dit: ''Pourquoi, moi, on va me poursuivre alors que je n'ai fait qu'exécuter des ordres ? Ce que j'ai fait, c'est sur ordre. Et celui qui m'a donné cet ordre, est ambassadeur quelque part. Oui, moi, si on veut me juger, il faut que l'ambassadeur soit là, à mes côtés aussi . C'est la réalité. Cela veut dire que, si on veut vraiment que la justice avance, il faut que des actes forts soient posés».
Me Hervé Gouaméné, avocat au barreau d'Abidjan, membre du staff de défense de l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et ses proches, dont son épouse Simone et plusieurs autres prisonniers politiques détenus à la Maca était présent à la cérémonie. Ce juriste a jeté son dévolu sur les différents chefs militaires hiérarchiques, qui ont été promus ambassadeurs. Il s'agit notamment du Général Philippe Mangou et du Général Kassaraté Edouard qui étaient respectivement Chef d'État-major des armées et commandant supérieur de la gendarmerie».
En effet selon Me Doumbia Yacouba, président du Midh, les militaires pro-Gbagbo incriminés de faits allégués de crimes pendant la crise post-électorale se réfugient derrière des ordres qu'ils auraient reçus de la chaîne de commandement en place au moment des faits. Ces prisonniers, qui auraient été envoyés et qui n'auront manifestement pas ''su se faire envoyer'', voudraient dégager leur responsabilité sur les chefs. D'où tout l'intérêt de leurs comparutions. Non pas forcément en tant que prévenus, mais en tant que sachant ou témoins. Et ce, pour aider à faire éclater la vérité.
«Leurs déclarations peuvent nous amener à un bon procès. En vérité, si Mangou et Kassaraté viennent parler, on saura beaucoup de choses. Par exemple, si Mangou vient dire : ''voilà, j'étais chef d'État-major et en réalité, je n'avais pas les pleins pouvoirs et qu'il en donne les preuves, on va remonter à ceux qui avaient la réalité du commandement. Sinon là, nous sommes dans les suppositions. Si Mangou ne vient pas parler à la barre, on ne saura pas qui avait la réalité du commandement. Ce sera seulement de la conjecture. Si le juge l'interroge et qu'il dit contradictoirement comment les choses étaient organisées, et ''c'est même cela qui m'a amené à fuir pour aller me réfugier dans une ambassade'', il va dégager sa responsabilité et finalement, on saura qui, effectivement, a fait quoi. C'est ce que nous recherchons dans les procès (...) Je sais qu'il y a des auditions en cours. Mais, c'est cela qui a manqué au procès en assises. Voyez-vous, les militaires relâchés devant le tribunal militaire l'ont été parce qu'ils ont pris cela comme ligne de défense. Eux, tous ont dit qu'ils agissaient sous ordres de tel ou tel autre chef. Mais, quand le tribunal a demandé que les chefs cités soient convoqués, il a été avancé que c'était impossible. Alors, la procédure s'arrête là. Dans notre appareil judiciaire, l'ordre du supérieur hiérarchique est un fait justificatif. Si on ne remonte pas la chaîne de commandement, on aura toujours des procès bâclés. Si on n'entend pas tous les vrais chefs militaires, on va faire toujours de faux procès, avec des éléments à charges faibles».
Me Doumbia a interpellé le gouvernement sur le danger de la promotion de citoyens visés comme étant «auteurs ou co-auteurs» de faits allégués survenus pendant la crise post-électorale. «Si tu veux promouvoir la justice pour tous et oeuvrer à ce que tous les citoyens aient le sentiment que la justice est faite pour toutes les victimes, à partir du moment où il y a des indices de commission de crimes contre des personnes, tu ne les promeus pas», souligne-t-il. Puis de révéler: «Le numéro 2 du Cecos, le commissaire Robet a été relaxé parce que la Cour n'a pas pu entendre le numéro 1 qui est le Général Guiai Bi Poin. Il a confié qu'il n'était pas dans l'opérationnel, mais plutôt dans la programmation. Il a été relaxé. C'est conforme au droit. C'est normal. Il eût fallu un interrogatoire contradictoire du Gl Guiai Bi Poin et on aurait su si le n°2 du Cecos a dit la vérité ou pas. Lui aussi doit être entendu.».
Le général Dogbo Blé, un autre officier et trois sous-officiers, jugés au palais de justice du quartier du Plateau, sont inculpés d'assassinat, d'enlèvement ou de complicité d'assassinat.

Le régime Ouattara est régulièrement accusé ou soupçonné de pratiquer une "justice des vainqueurs" par l'opposition mais aussi des ONG internationales: aucune figure de son camp n'a été pour l'instant inquiétée pour des crimes commis durant la crise. Or, selon un rapport d'une commission d'enquête mise en place par le pouvoir lui-même, ses forces armées sont responsables de la mort de plus de 700 personnes. Les forces pro-Gbagbo sont accusées d'avoir fait deux fois plus de victimes, sur un bilan total évalué à environ 3000 morts.
Soupçonné par la Cour pénale internationale d'être "coauteur indirect" de crimes contre l'humanité commis pendant la crise, Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan, est détenu depuis fin 2011 à La Haye.
Simone Gbagbo est, tout comme son époux, accusée de "crimes contre l'humanité" par la Cour pénale internationale. Mais alors que Laurent Gbagbo comparaîtra à La Haye en juillet, Abidjan refuse son transfèrement à la CPI au motif que la justice ivoirienne est en mesure de la juger équitablement.
Simone Gbagbo a été condamnée à 20 ans de prison en raison de son rôle de protagoniste majeure lors de la crise post-électorale de 2010-2011.

(Avec l'Inter) imatin

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