CDVR / Charles Konan Banny aux Ivoiriens :''Tous ceux qui croient en Dieu doivent accepter la réconciliation''

  • publiè le : 2014-08-20 06:38:15
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CDVR / Charles Konan Banny aux Ivoiriens :''Tous ceux qui croient en Dieu doivent accepter la réconciliation''
Mgr Alexis Touabli Youlo, évêque du diocèse d'Agboville, a présidé la cérémonie de reconnaissance de la communauté « Regina Pacis », le vendredi 15 août 2014, jour de la célébration de l'Assomption. A cette occasion, Charles Konan Banny, président de la Commission, Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), s'est prononcé sur la réconciliation et a levé un coin de voile sur les audiences publiques qui auront lieu bientôt.

Comment a la CDVR à quelques mois de l'échéance de son mandat ?

Vous savez que Mgr Alexis Touabli est le président local de la Cdvr dans la région. C'est ce qui explique ma présence. Sans compter qu'aujourd'hui, c'est une grande solennité pour les chrétiens catholiques. Et nous venons d'assister à une magnifique célébration accompagnée d'un enseignement, magistral. Nous avons beaucoup appris. Je suis très heureux d'avoir participé à cette grande manifestation. Les paroles de Mgr s'appliquent à la situation de notre pays et nous souhaitons que tous les Ivoiriens et artisans de la paix soient appelés fils de Dieu. C'est aussi notre message. La mission de réconciliation que nous a confiée le Chef de l'Etat ne fait que traduire de manière temporelle quelque chose qui est divin. La réconciliation est une mission divine. Et c'est pour ça que le rôle des religieux est essentiel et que tous ceux qui croient en Dieu doivent s'approprier cette mission. Cela a toujours été mon langage. Si le mandat prend fin en septembre, ce que je peux vous dire, c'est que nous aurons exécuté toutes les étapes prévues, toutes les étapes que nous avons proposées au Chef de l'Etat dans le plan d'action que nous lui avons présenté. La dernière étape sera les audiences publiques que nous voulons offrir à la Nation pour qu'elle se mire. Ces audiences seront comme des miroirs de ce qui s'est passé dans notre pays dans les périodes d'un passé récent. Les Ivoiriens ont souhaité que nous balayions cette période de 20 ans, allant de 1990 à 2011. Tout ce qui s'est passé en terme de violation de droits humains devrait être pass au crible. Tous ceux qui ont subi et qui ont été des victimes raconteront leurs histoires au cours des audiences publiques pour les plus emblématiques. Ce sera une tribune pour les victimes pour venir raconter leur histoire à leurs concitoyens non pas pour que nous condamnions qui que ce soit, mais qu'ensemble nous reprouvions, nous rejetions à jamais cela. Donc c'est le sens des audiences publiques. Mais cette réprobation que nous souhaitons à travers cette séance de catharsis, nous voulons que tout le monde y participe car s'il y a des victimes, c'est qu'il y a des auteurs. Que les auteurs aient le courage de venir se repentir afin que la victime puisse pardonner. Le seul mot, c'est le pardon. Il faut que nous pardonnions. Mais on ne peut pas pardonner une faute qui n'a pas été reconnue et avouée. Et je lance cet appel de sursaut et de courage à tout le monde. Je suis heureux d'en parler dans cette église pour montrer l'aspect divin de la chose. Il n'y a pas de pardon sans repentance.

Quand cette phase commence-t-elle ?

Disons le lundi 25 août 2014. Nous avons pris toutes les dispositions et les moyens ont été dégagés. Les victimes sont déjà prêtes. Sachez, pour votre gouverne, que les auditions nous ont permis d'établir une liste de plus de 60 000 Ivoiriens qui ont été victimes sur la période. Et de ces 60 000, nous allons retirer les plus emblématiques pour les présenter aux Ivoiriens pour que nous réprouvions et disions: «Plus jamais cela dans notre pays après avoir pardonné». Que ceux qui ont commis cela reconnaissent leur tort. Je lance un appel à tout le monde et je voudrais dire que nous ne sommes pas un tribunal pour condamner mais un tribunal pour restaurer, le tribunal de la seconde chance. D'abord compatir avec les victimes et permettre aux victimes de pardonner après que ceux qui ont posé des actes aient eu le courage de venir se repentir.

Propos recueillis par Ahou Moayé
Correspondant permanent à Agboville

L'Intelligent d'Abidjan

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