Double jeu des occidentaux : Le journaliste Ferro Bally analyse la géopolitique de l'Ukraine et du Sahel

  • publiè le : 2024-04-29 02:06:46
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Double jeu des occidentaux : Le journaliste Ferro Bally analyse la géopolitique de l'Ukraine et du Sahel
Le journaliste Ferro Bally critique les doubles standards dans la politique internationale, mettant en lumière les différences de traitement entre les régions du monde. Il souligne les réactions contrastées des puissances occidentales aux changements politiques en Afrique et en Europe de l'Est.


Il aborde également la situation en Ukraine, où la guerre contre la Russie se poursuit, et mentionne les actions de certains pays du Sahel pour affirmer leur souveraineté. Enfin, il critique l'hypocrisie occidentale dans leur approche des questions de démocratie et de droits de l'homme.

Le monde occidental ne se gêne plus pour exceller dans la politique discriminatoire des deux poids deux mesures, pour la défense de ses intérêts. Et des pays africains, comme des bénis oui-oui, l'accompagnent dans l'iniquité des traitements en face des mêmes situations.

Ainsi, quand le Coq gaulois a poussé un violent cocorico au renversement, le 26 juillet 2023, de Mohamed Bazoum, le « président démocratiquement élu » au Niger, la CEDEAO et tous les « répondeurs automatiques » se sont mis en ordre de bataille pour menacer de rétablir l'ordre constitutionnel et faire retourner les militaires dans les casernes.

Et quand un mois seulement plus tard, le président sortant Ali Bongo Ondimba a été renversé, le 30 août, les Occidentaux sont restés sourds à son « Make some noise », le chant du cygne de la dynastie Bongo au Gabon. Le général putschiste Oligui Nguema a donc été reçu, en grandes pompes, du 11 au 13 avril 2024 à Abidjan, par le nouveau pilier de la françafrique, Alassane Ouattara, qui succède à ce poste à Félix Houphouët-Boigny et Omar Bongo Ondimba.

Et au milieu de cet imbroglio savamment orchestré, plus personne ne sait que le premier quinquennat de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien élu le 21 avril 2019, est arrivé à son terme. Nul ne parle d'organisation de l'élection présidentielle pour une raison valable: le pays est en guerre depuis l'opération militaire russe lancée, le 24 février 2022, pour « la démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine. »

Zelensky a, dès lors, instauré un état juridique d'exception qui permet la suspension des libertés fondamentales (couvre-feu, interdiction de rassemblements publics, check-points et contrôles militaires, etc.), qui ne choque pas les Occidentaux: c'est la loi martiale. Prise pour un temps délimité, elle a été prolongée neuf fois. La dernière durée de cette loi de 90 jours part du 12 février au 13 mai 2024.

En plus, le monde occidental est au front pour livrer une guerre par procuration afin de faire échec, et au besoin, donner l'estocade à son ennemi juré, l'Ours russe. Il vole, de ce fait, massivement (militairement, logistiquement et financièrement) au secours d'un pays non membre de l'OTAN et de l'Union européenne, et protège ainsi le pouvoir d'un président fantôche devenu une marionnette.

Ce n'est pas tout. Dans la guerre de l'information, l'Union européenne a adopté la conduite digne des « républiques bananières », qu'elle fustige quand des États suspendent CNN, France 24, RFI ou la BCC. Elle a interdit, dans son espace, cinq médias publics russes, dont RT et Sputnik, accusés de nourrir « la machine de propagande russe. »

Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà, dit-on. En effet, la « propagande russe » prospère en Afrique de l'Ouest où trois régimes militaires ont balayé les pouvoirs civils au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Les Occidentaux et leurs satellites africains sont sur les dents. Ils font feu de tout bois pour condamner tous les actes qu'ils posent pourtant et tolèrent en Ukraine. Car, ces pays, russophiles, ont choisi de tourner la page.

Tirant les leçons de l'échec cuisant des forces internationales occidentales dans la lutte contre le terrorisme, ces États sahéliens se sont inspirés du courage, en 1966, du général Charles de Gaulle vis-à-vis des troupes des USA stationnées en France après la seconde guerre mondiale.

D'un, ils ont dénoncé les accords de coopération militaire avec la France et expulsé toutes les troupes occidentales de leur territoire. De deux, comme de Gaulle avec l'OTAN et au nom de la souveraineté de leurs États, ils ont claqué la porte, le 28 janvier 2024, de la CEDEAO, accusée d'être un instrument des puissances étrangères, après avoir créé leur regroupement, l'Alliance des États du Sahel (AES, Burkina Faso, Mali et Niger).

Dans le collimateur des puissances occidentales, ces pays du Sahel sont victimes d'un ensemble de narratifs pour discréditer et déstabiliser leur régime. Des campagnes sont suscitées pour réclamer des élections au nom d'accords désormais caducs avec la CEDEAO, alors que, comme en Ukraine, la question sécuritaire, qui a justifié les putschs, reste entière dans des pays toujours en guerre contre la nébuleuse djihadiste.

Et si Zelensky peut prendre la loi martiale, c'est une levée de boucliers quand ces pays bannis du Sahel adoptent, « pour raisons d'ordre public », l'état de siège. Le Mali a suspendu, le 10 avril 2024 et jusqu'à nouvel ordre, les activités des partis et associations à caractère politique et mis aux pas les médias dans l'exécution de cette mesure.

Les protestations inaudibles de l'ONU, de l'Union africaine et de l'UE apparaissent comme un coup d'épée dans l'eau. Car, autant, selon André Malraux, « il y a des guerres justes, il n'y a pas d'armées justes, » autant, il y a des causes justes et il n'y a pas de défenseurs justes. Dans ce schéma, la communauté occidentale est en perte de vitesse et fait de plus en plus face à un horizon borné.

F. M. Bally
source : afriksoir.net

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